dimanche 27 avril 2014

Tiger Cage (Yuen Woo-ping, 1988)



L'inspecteur Hsiu commande une brigade composée de Terry (Donnie Yen), Tak (Ng Man-tat), Shun-yu (Jacky Cheung) et Shirley (Carol Cheng) avec laquelle Hsiu doit se marier. Après une mission durant laquelle Hsiu échoue à arrêter Hsiong, un vendeur de drogue, celui-ci l'assassine. Les hommes de Hsiu, désormais sous l'autorité de Wong (Simon Yam), traquent Hsiong. 

Attention : contrairement aux apparences, ce premier Tiger Cage contient un scénario, un vrai, avec des personnages définis intelligemment, des retournements de situation cohérents et une belle noirceur de ton. Evidemment nous ne sommes pas chez Fritz Lang mais l'absence de manichéisme est appréciable et élève le film au-dessus de ses concurrents tels que la saga Le sens du devoir. Il est d'ailleurs intéressant de constater que lors d'une introduction rappelant un peu Le sens du devoir 4, également signé par Yuen Woo-ping, on commence pourtant par craindre le pire : nos gentils policiers pourchassent donc un trafiquant qui réussit à s'enfuir, revient se venger et assassine l'un de nos héros, au grand dam de la brigade qui se lance dans une répression musclée. Sauf que très vite le conflit n'oppose plus les policiers aux vendeurs de drogue mais entre eux puisque des complicités internes sont mises en évidence et à partir de là, l'étau ne cesse de se resserrer sur Jacky Cheung avec un nombre de morts conséquent au sein du casting principal. C'est l'un des films hongkongais les plus violents, non pas une violence à la John Woo - et tous ses imitateurs - ou des dizaines de figurants s'écroulent lors de chaque scène d'action mais une violence qui touche les personnages principaux et ou personne ne semble à l'abri, ce qui crée un suspens efficace et bienvenu. A la fin, les survivants auront perdu à peu près tout ce qui pouvait compter pour eux.



Contrairement aux Sens du devoir et même à Tiger Cage 2, le kung-fu se fait ici plutôt rare. Donnie Yen n'y effectue qu'un seul combat et martialement, il ne s'agit pas de ce qu'on a pu voir de plus impressionnant. Le fait que les acteurs principaux (Jacky Cheung et Simon Yam) soient limités sur ce point l'explique peut-être, mais ils compensent largement en étant impeccables le reste du temps, qu'il s'agisse des rares scènes de comédie ou des moments dramatiques. A l'inverse, Donnie Yen nous refait son éternel jeu tout en mâchoire crispée et dans le rôle de la touche féminine de service, Carole Cheng n'a ni la présence d'une Michelle Yeoh ni la sauvagerie d'une Cynthia Khan. Comme souvent, les gweilos américains viennent jouer les méchants de service avec l'inévitable grand noir baraqué adepte du roulement d'yeux ; tout cela est un peu contrebalancé par l'inventivité du film qui nous gratifie d'un meurtre sanglant à l'aide d'un porte-manteau ou d'un étranglement au fil de fer barbelé bien gore.



Deux choses empêchent Tiger Cage d'être une grande réussite HK : d'une part, comme on l'a déjà dit, le déficit en spectaculaire, et d'autres part les inévitables défauts d'époque, qu'il s'agisse d'une musique pénible, d'une photo quelconque ou de quelques moments embarrassants notamment les scènes humoristiques entre Jacky Cheung et sa compagne. Pour autant, si on n'est pas dans l'action frénétique comme Tiger Cage 2 et Le sens du devoir 4, il y a un bel équilibre entre celle-ci et le drame. Il suffit de comparer avec n'importe quel polar d'action français des années 80 (au hasard, les horreurs avec Delon ou Belmondo signées par des tacherons comme José Pinheiro) pour constater l'énorme différence de nervosité, d'efficacité et de dynamisme des équivalents hongkongais. Au moins Tiger Cage a pour lui d'être parfois surprenant - le personnage de Man Tat Ng est extrêmement ambigu et rappelle le méchant de Crime Story, un contre-emploi culotté de Jackie Chan qui fut aussi l'un de ses meilleurs films - et de remplir impeccablement son contrat de série B beaucoup moins idiote que ce qu'on pourrait craindre, qui plus est portée par trois acteurs au charisme évident.

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