mardi 15 avril 2014

Flaming Brothers (Joe Cheung, 1987)


Alan (Alan Tang) et Ho-Tin (Chow Yun-Fat) ont grandi ensemble et fait les 400 coups. Adultes, ils entrent en conflit avec un caïd qui capture Ho-Tin avant d'être abattu par Alan. C'est l'entrée des deux compères dans la mafia locale dirigée par Ko (Patrick Tse). Mais très vite, les chemins d'Alan et de Ho-Tin commencent à diverger.

Trois ans avant le sympathique Return Engagement, Flaming Brothers voyait déjà le scénariste Wong Kar-Wai s'associer avec le réalisateur Joe Cheung pour un film dont les rôles principaux seraient tenus par Alan Tang et Chow Yun-Fat, rien que ça. A priori, tout pour faire de Flaming Brothers un monument de pétarades jouissives à la hongkongaise, et au final, pas grand chose.

Premier problème : qui dit duo de héros dit malheureusement ici deux fois plus de scènes de romance insupportables. La copine d'Alan Tang n'apprécie pas qu'il la rudoie, celle de Chow Yun-Fat l'aime mais lui demande de devenir honnête, d'ou une dispute sans conviction entre les deux, mais heureusement dès lors que les méchants repointeront le bout de leur nez nos amis mettront leurs différents de coté pour aller joyeusement tirer dans le tas. Une fois ceci révélé, c'est le déroulement de la quasi-totalité du film qui se déroule avec les inévitables scènes de hero movie greffées plus ou moins bien à cette trame guère captivante. Il est surprenant de voir un scénariste aussi original que Wong Kar-Wai accoucher d'un script d'une telle pauvreté, et il devient clair ici que son passage à la réalisation fut une aubaine pour la planète cinéma, car si son univers très caractéristique a pu parfois virer à l’auto-parodie, il reste cent fois préférable à cette déclinaison sans envergure d'un genre n'ayant au final donné que peu de grands films (et quasiment tous signés John Woo).



Les autres défauts sont à chercher du coté de la mise en scène et du casting. Si pour Return Engagement Joe Cheung arrivera a faire du sous-John Woo regardable, ici le montage trop rapide pose souvent problème lors des scènes d'action et trop souvent on a à peine le temps de comprendre qui a tiré sur qui que les personnages sont déjà lancés en pleine course-poursuite. On est loin d'échapper au ridicule - les amis d'Alan Tang qui, mitraillés, tombent dans ses bras les uns après les autres pour mourir dans un rictus que n'aurait pas renié la Marion Cotillard des grands jours - et il faut mentionner quelques slows horribles qui viendront à bout du plus tolérant des auditeurs. Pas plus que par son scénario, Flaming Brothers ne parvient par sa mise en scène a s'élever au-dessus du statut de film d'exploitation vu et revu et l'inévitable comparaison avec le Syndicat du crime sorti l'année précédente n'aide pas.



Alan Tang et Chow Yun-Fat sont corrects mais il est justement scandaleux que deux acteurs aussi géniaux ne soient ici que corrects ; il suffit de comparer l'intensité de Chow Yun-Fat ici à celle qu'il a pu apporter régulièrement au cours de sa carrière (y compris dans des films moyens comme le Full Contact de Ringo Lam) pour se désoler de son relatif manque d'implication. A leur décharge, l'amitié entre les deux héros a beau être renforcée par plusieurs scènes, notamment celles ayant trait à leur enfance commune, on n'a jamais réellement l'impression de voir une solidarité comparable à celle qui pouvait unir Chow Yun-Fat et Danny Lee dans The Killer ou, pour prendre un titre moins connu, celle entre Tou Chung-Hua et Jack Kao dans l'agréable Requital de Chu Yen-Ping. Pat Ha et Jenny Tseng rivalisent de fadeur et dans un ensemble de seconds rôles plus cabotins les uns que les autres émerge un convaincant Patrick Tse toutefois loin de faire oublier Simon Yam.
Flaming Brothers se conclue par une intéressante variation sur le thème de la charge désespérée, qu'il est préférable de ne pas révéler pour conserver l'effet de surprise. Sans être le pire produit d'exploitation hongkongais qu'on ait pu voir, il demeure un produit trop standardisé et totalement interchangeable, réservé aux aficionados de Chow Yun-Fat.

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