vendredi 14 novembre 2014

Hercule contre les fils du soleil (Osvaldo Civirani, 1964)


A la suite d'un naufrage dont il est le seul survivant, Hercule (Mark Forest) se réveille sur les côtes péruviennes. Attaqué par des indigènes, il ne doit sa survie qu'à l'arrivée du prince inca Maytha (Giuliano Gemma), fils du roi légitime emprisonné par son propre frère. Après avoir sympathisé avec Maytha, Hercule décide de se battre aux côtés des incas pour libérer le roi légitime.

Il est toujours difficile de juger un film en dehors de son contexte de visionnage. Découvert en même temps que les meilleurs Hercule de Francisci ou Cottafavi, le film de Civirani aurait paru être un affreux navet. Au contraire, vu peu de temps après Hercule l'invincible et Le Triomphe d'Hercule, il semble largement plus regardable en comparaison. Pas d'humour envahissant, pas de méchants aux plans totalement idiots, pas de prestation calamiteuse de Dan Vadis mais au contraire le retour de Mark Forest, qui avait porté sur ses épaules La Vengeance d'Hercule avant de partir incarner Maciste. Si Forest reste avec Steeve Reeves l'un des meilleurs comédiens parmi les culturistes s'étant succédé à l'époque, il incarne ici un héros autrement moins riche que chez Cottafavi. De même, Giuliano Gemma est correct mais employer un acteur aussi bondissant dans un rôle si rigide n'était sans doute pas une idée très brillante et il est loin d'être aussi marquant que dans Les Titans ou dans ses meilleurs westerns. On ne s'en relèvera pas la nuit mais pour la première fois depuis un bon nombre de films, le casting de cet Hercule là est à peu près réussi au sens ou les acteurs ne prêtent pas à rire d'eux. Toujours ça de pris.

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Il s'agit du premier Hercule totalement délocalisé puisque notre héros se retrouve dans l'Amérique précolombienne. Si l'on a souvent vu son rival Maciste se téléporter dans des époques saugrenues (l'année 1963 avait d'ailleurs vu la sortie de Tarzan chez les coupeurs de tête, un Maciste se déroulant déjà au Pérou), c'est le fils de Zeus qui s'en va ici à la chasse aux incas (sortiront dans la foulée Maciste, vengeur du Dieu maya, et le délirant Samson et le trésor des incas, mi-péplum mi-western spaghetti ! ). Le moins qu'on puisse dire est que leur utilisation laisse à désirer : le contexte local n'est pratiquement pas esquissé en dehors de quelques danses à la figuration famélique et d'images de lamas provenant d'un autre film, on ne cherche même pas à expliquer comment il se fait que durant l'antiquité grecque les incas ont visiblement la même technologie qu'au XVI ème siècle (et le même roi puisqu'il s'agit déjà d'Atahualpa). La justification de l'arrivée d'Hercule est expédiée en un naufrage et globalement, le film est d'une linéarité et d'une prévisibilité absolues : usurpateur, prince sympathique, princesse capturée et héros musculeux forment les ingrédients d'un cocktail dont on a fini par se lasser d'autant plus que le micro-charme lié à la délocalisation s'éteint rapidement. Les seconds rôles sont inexistants (mention spéciale à la femme de l'usurpateur) et seuls détonnent quelques courtes scènes étranges durant lesquelles le roi emprisonné monologue face à un oiseau, scènes flirtant avec le ridicule mais portées par la conviction de l'acteur. A la fin, Hercule ne peut pas retourner chez lui mais ne semble pas s'en émouvoir outre-mesure : peut-être savait-il déjà les films qui l'attendaient à son retour en Grêce ?



Au fond, cette jungle de toc issue probablement d'une quelconque zone de la banlieue romaine est à l'image d'Hercule contre les fils du soleil : grotesque mais amusante. Si le spécialiste Florent Fourcart y voit l'un des plus désastreux péplums jamais tournés, il n'en reste pas moins qu'il se regarde avec beaucoup moins d'ennui que ses prédécesseurs et que sans être convaincantes - n'exagérons rien - les batailles sont un tout petit peu plus nombreuses. On notera la curieuse proximité des armes de guerre incas avec celles des romains, proximité qui va jusqu'à leurs goûts vestimentaires tant leurs guerriers ressemblent à des légionnaires avec des casques à plumes ! Au moins cet opus là tentait-il de faire basculer un genre moribond dans une direction nouvelle. Reste qu'évidemment, on recommandera à tout personne censée de passer son tour, notamment pour les 99 % de la population française qui n'entretiennent pas de passion débordante à l'égard du péplum italien.

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