mardi 11 novembre 2014

Avec Django, la mort est là (Antonio Margheriti, 1968)



Django (Richard Harrison) participe à un casse avec ses amis Ritchie et Mendoza (Claudio Camaso). Ils sont trahis et Mendoza meurt en couvrant leur fuite tandis que, plus tard, cinq hommes assassinent Ritchie. Django part à leur recherche mais ne découvre l'identité que de quatre d'entre eux, tout en étant lui-même suivi par un détective chargé de retrouver l'or dérobé. 

Après un Joe l’implacable lorgnant furieusement sur le mélange de western et d'espionnage façon Les Mystères de l'ouest, Avec Django, la mort est là constitua la seconde incursion de Margheriti dans le monde spaghetti. Il s'agit toutefois du premier dans lequel il tente d'y transférer l'univers gothique qu'il avait su mettre en place avec talent dans La Danse macabre ou La Vierge de Nuremberg. Django est ultra-rapide, se remet de toutes les attaques (après une journée à se faire brûler les yeux au soleil, il y voit toujours clair) et poursuit de sa haine les assassins de ses amis. En réalité, tout cela ne fonctionne guère ; avant tout, parce que Richard Harrison est un acteur absolument calamiteux. Son jeu mono-expressif tente laborieusement d'imiter Clint Eastwood ou Franco Nero mais son absence de charisme est criante. Il n'est pas non plus aidé par les choix narratifs de Margheriti : coller un monologue aussi pénible que long à son héros au bout d'une demi-heure pour obliger celui-ci à nous révéler l'ensemble de ses motivations (qui sont de plus totalement banales) ne fait que détruire tout ce qui donnait un tant soit peu de relief au personnage, et on se remémore pourquoi Eastwood avait avec justesse demandé à Leone de lui retirer autant de dialogues que possible durant le tournage de Pour une poignée de dollars.



Si ce Margheriti est très loin de compter parmi les pires westerns spaghettis produits à l'époque, il possède le défaut rédhibitoire d'être en tous points inférieur à son brillant successeur dans la filmographie du cinéaste, Et le vent apporta la violence. Kinski s'y révélera aussi étincelant qu'Harrison est quelconque ; les délires esthétiques seront plus nombreux, la mise en scène plus rigoureuse, la photo plus travaillée, les personnages plus fouillés. En effet, même un western médiocre comme Sentence de mort arrivait à exploiter convenablement une vengeance en adoptant une esthétique différente pour chaque ennemi à abattre. Ici règne une certaine monotonie et seuls diffèrent les types de lâchetés des méchants (l'un se cache derrière ses hommes, l'autre affaiblit Django pour pouvoir le tuer en public sans risques)... jusqu'à ce que Claudio Camaso entre en scène et nous gratifie d'un cabotinage éhonté mais bienvenu, contrastant plus qu'agréablement avec la fadeur d'Harrison. Il est même dommage qu'il soit si peu utilisé (l'intrigue policière oblige à retarder son arrivée, mais cette intrigue est extraordinairement faible) tant pour le coup, son jeu s'accorde beaucoup mieux avec l'idée d'installer un climat fantasmagorique.



Regrettons enfin qu'un certain nombre de personnages soient laissés à l'abandon. Passe encore que le traître de la bande de Mendoza ou la femme de celui-ci soient évacués - ils n'avaient guère d'importance - mais le détective de la Pinkerton est bien plus fantomatique que Django, tandis que le premier rôle féminin est l'un des moins crédibles, des plus inconsistants et grotesques du western spaghetti. En revanche, les dernières minutes sont l'occasion pour Margheriti de retrousser ses manches et de concocter une superbe course-poursuite baroque dans les galeries d'une grotte durant laquelle le visage de Claudio Camaso semble presque être absorbé par la roche. Pour ces quelques très belles scènes et pour le professionnalisme du réalisateur (l'affrontement avec Yuma ou le duel face au Kid peuvent s'enorgueillir d'une rigueur dans le montage dont peu de cinéastes du genre seraient capables), on peut comprendre la bonne réputation de ce faux Django chez les amateurs. Reste que pour le néophyte, on conseillera plutôt le visionnage de Et le vent apporta la violence, pièce maîtresse dont Avec Django, la mort est là demeure un brouillon très inégal.

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