mardi 4 mars 2014

Don Angelo est mort (Richard Fleischer, 1973)



Don Paolo décède et son fils Frank (Robert Forster) lui succède, notamment grâce à l'appui de Don Angelo (Anthony Quinn). Frank est efficacement secondé par les frères Fargo, Vince (Al Lettieri) et Tony (Frederic Forrest) qui est le véritable cerveau de la bande. Une lettre anonyme crée un conflit entre Frank et Don Angelo et aboutit à une guerre des gangs ou tout le monde est en réalité manipulé par Orlando, un concurrent qui cherche à obtenir la mainmise sur la mafia.

Certes, le film de Richard Fleischer est sorti un an après le Parrain et l'entreprise fleure bon l'opportunisme capitalisant sur le succès du film de Coppola. Certes, il ne s'agit pas loin s'en faut d'une des grandes réussites du cinéaste qui deux ans plus tard signerait un bien plus mémorable Mandingo, par exemple. Certes, la mise en scène est ici à peine digne d'un téléfilm et on peine à reconnaître le Fleischer ample et inspiré des Vikings. Néanmoins, Don Angelo est mort est une saga mafieuse de série B qui se suit avec un réel plaisir, notamment grâce à sa concision et à son beau casting ; du fait de n'avoir pas à proprement parler de personnage principal - Frank, Tony et Don Angelo ont à peu près autant de présence à l'écran - le film évite d'être trop prévisible et il faut louer sa capacité à éviter de rendre ceux-ci unidimensionnels. Qu'il s'agisse du Don, de Frank ou des frères Fargo, personne n'est tout blanc ni tout noir ce qui rend le conflit plus intéressant puisqu'il se fait sans désigner de méchant ou de gentil.



Un des défauts les plus évidents du film est que la guerre des gangs provoquée l'est selon un motif plutôt idiot : Frank et Angelo partagent la même maîtresse (hum), Orlando le devine (hum hum) et en informe Frank afin que tout ce beau monde s'entre-déchire, ce qui sera évidemment le cas. Sans être un modèle ni d'originalité ni de rigueur, le script est efficace et doté de suffisamment de scènes d'action pour maintenir l'intérêt. Les scènes de couple sont sauvées de la mièvrerie par la formidable prestation d'Anthony Quinn, absolument parfait en parrain sur le déclin tandis que Robert Forster en sous-Sonny Corleone et Frederic Forrest en éminence grise lui donnent impeccablement la réplique. On apprécie aussi quelques seconds rôles marquants de l'époque tels que Sid Haig, éternelle brute des women in prison et blaxploitation de Jack Hill, ou Victor Argo. Les trop rares tentatives d'insuffler un peu de mise en scène - notamment par le biais de plans fixes appuyés lors des séquences les plus dramatiques - fonctionnent et font regretter l'académisme envahissant le reste du film. Faut de posséder la tension ou la majesté des grands classiques du genre, Don Angelo est mort semble conscient de ses limites et s'applique à éviter les temps morts plus qu'à créer des grands moments cinématographiques. Il nous prouve aussi de nouveau que contrairement à certains de ses collègues de la même génération, Richard Fleischer était entré de plein pied dans les années 70, son approche brutale et sèche du film mafieux étant parfaitement synchrone avec l'époque. La présence de Jerry Goldsmith à la bande-originale est également la bienvenue faute de faire partie de ses chefs d'oeuvre musicaux.



Au final, Don Angelo est mort est un divertissement du dimanche soir dénué d'inventivité mais remplissant son cahier des charges et porté par des acteurs irréprochables. On préférera évidemment l'approche jusqu'au-boutiste d'un De Palma, le maniérisme de Scorsese et bien sur l'ampleur de la trilogie mafieuse de Coppola mais à l'instar des incursions de Roger Corman dans le genre, le film de Fleischer est un sympathique outsider. Outre Mandingo et le fameux Soleil Vert, on recommandera également deux oeuvres plus notables du cinéastes durant sa période 70's : L'Etrangleur de Rillington Place, moins connu mais largement aussi bon que L'Etrangleur de Boston, et Les Flics ne dorment pas la nuit. Hétéroclite, inégale et commerciale dans le meilleur sens du terme, l'oeuvre de Richard Fleischer est celle d'un artisan qui n'a pas à rougir de la comparaison avec bien des auteurs plus célébrés.

2 commentaires:

  1. Merci pour les pistes de visionages, ça donne envie, je vais essayer de les trouver. Sinon j'ai pensé au plan de Maurice dans Filc ou Ninja en lisant le résumé, c'est normal?:)

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  2. Haha, on a décidément un nombre fou de références communes. Non, le plan du méchant est assez capilo-tracté mais manque cruellement de Rose mariée à George pour espionner Interpôle pendant que Larry ne s'intéresse qu'à sa cote/conne/code/Costes de fille.

    Si tu as eu le déplaisir de voir ça, on est dans une " stratégie " de méchant qui fait un peu penser à celle du bad guy dans Le Grand Pardon, horreur signée Alexandre Arcady et qui 95 % du temps pompe ( très très ) mal Le Parrain, et les 5 % du temps restant plagie un plagiat du Parrain comme quoi en France on n'a pas de pétroles... mais encore moins d'idées.

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