lundi 17 mars 2014

Universal soldier : le jour du jugement (John Hyams, 2012)


John (Scott Adkins) sort du coma lorsqu'on lui annonce que sa famille a été tuée par Luc Devereaux (Jean-Claude Van Damme), qui dirige avec son comparse Andrew Scott (Dolph Lundgren) une horde de super-soldats. L'un d'eux, Mangus (Andrei Arlovski) est envoyé tuer John.

Critique dédiée à Mouna.

A priori, quoi de plus opposé à l'idéal de ce blog qu'un quatrième film d'une des pires sagas cinématographiques de ces dernières années ? En réalité, cet opus doit sa place ici au fait que contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, il ne s'agit pas du tout d'un ratage industriel comme les studios hollywoodiens en ont aligné depuis le retour à la mode des stars du cinéma bourrin, mais d'un vrai ratage d'auteur. Tous ceux qui attendraient une continuité sérieuse envers les Universal soldier (mais, très honnêtement, y a t-il encore des gens en 2014 pour vouloir ça ? ) en seront pour leurs frais et les " fondamentaux " mis en place par le film exécrable de Roland Emmerich sont évacués sans un commencement de prétexte, ce qui tombe plutôt bien vu qu'on s'en fiche.

Il est difficile de comprendre ce qui a pu motiver un tel pétage de plombs collectif tant, qu'il s'agisse du réalisateur ou des acteurs, tout le monde semble sous l'effet de substances illicites à commencer par un Jean-Claude Van Damme qui passe tout le film ailleurs - je n'ai pas trouvé de meilleur qualificatif pour décrire sa prestation -. Là ou les retours de vieilles gloires 80's jouaient généralement sur une nostalgie stérile et sur la dimension iconique de leurs acteurs (Le Dernier Rempart, Du plomb dans la tête et les deux insupportables Expendables ) ici les citations abondent sans l'ombre d'un second degré. Catalogue : une poursuite camion/moto renvoyant directement aux Terminator, des éclairages rappelant les Pusher 2 et 3, une ouverture en caméra subjective singeant celles de Strange Days et Enter the void et un final qu'il est totalement impossible de ne pas relier à Apocalypse Now.



Pourtant, Hyams se révèle ici un metteur en scène exigeant survolant largement 90 % de ses condisciples œuvrant dans la série B. Le long combat entre Scott Adkins et une ribambelle de sbires en plan-séquence est certes là encore un décalque (coucou A toute épreuve) mais exécuté avec une réelle virtuosité, comme le sont d'ailleurs tous les passages d'action. Ce n'est jamais la mise en scène, brutale, carrée et efficace, qui est en cause mais à peu près tout le reste. Quand Gareth Evans réalise Le Raid, on peut lui pardonner ses défauts - photographie laide, scénario inexistant - car il ne prétend jamais réaliser autre chose qu'un film d'action, le contrat étant parfaitement rempli sur ce point. Hyams, lui, est bien plus ambitieux thématiquement et questionne la mémoire à grands renforts de bad trip épileptiques qui évoquent plus un clippeur sous cocaïne que Philippe K Dick. Tout cela est d'une extrême confusion narrative, le personnage de Lundgren n'a aucun intérêt tandis que plusieurs séquences (l'affrontement entre Arlovski et un autre super-soldat, le massacre terminatorien) brillent par leur inutilité, d'autant plus que les clichés de direct to video (la prostituée que le héros se trimbale, la quête vengeresse, les agents gouvernementaux qui font n'importe quoi) n'aident pas à prendre au sérieux les velléités auteurisantes d'Hyams. Quant au twist final, il est aussi attendu que grotesque.



Au sein d'un casting inégal, Scott Adkins est parfaitement crédible en héros d'action tout en se révélant incapable de réussir la moindre scène dramatique. Van Damme nous gratifie d'une imitation incongrue de Marlon Brando en colonel Kurtz sans qu'on comprenne trop le pourquoi du comment tandis que Lundgren, désespérément empoté, semble regarder le film se dérouler avec amusement. La véritable révélation est toutefois Andrei Arlovski en machine à tuer massive et effrayante dont on regrette la disparition trop hâtive du récit.
Universal soldier : le jour du jugement est une tentative louable de série B ne parvenant jamais à faire oublier ses faiblesses narratives et son casting médiocre. Pourtant, il révèle en John Hyams un metteur en scène au potentiel certain dont on suivra la carrière avec intérêt.

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