mardi 11 mars 2014

Une Raison pour vivre, une raison pour mourir (Tonino Valerii, 1972)


Le colonel Pembroke (James Coburn), ancien membre de l'armée dégradé, se porte volontaire pour prendre le fort du major Ward (Telly Savalas) à l'aide d'un petit commando de repris de justice parmi lesquels se trouve le débrouillard Eli Sampson (Bud Spencer).

Si Sergio Leone a toujours peiné à assumer son statut de patriarche du western italien, sa colère épargnait néanmoins son ancien assistant Tonino Valerii jusqu'à lui permettre de réaliser un Mon nom est personne en forme de réponse aux " westerns fayots ", déclinaisons du genre au comique laborieux portés notamment par le duo emblématique Terence Hill/Bud Spencer. Si Mon nom est personne a le mérite de boucler la boucle avec intelligence et d'offrir de beaux rôles à Terence Hill à Henry Fonda, il peut sembler très exagéré d'en faire un incontournable du western spaghetti tout en vociférant contre les œuvres souvent supérieures artistiquement de Corbucci ou Sollima ; et si dans ce film Valerii faisait preuve d'un minimum de talent, on peine à le retrouver dans ce Une raison pour vivre, une raison pour mourir laborieux et longuet, que Jean-François Giré qualifie avec raison de ratage dans son incontournable ouvrage sur le western transalpin.


En réalité, il s'agit autant d'un western que d'un film de commando et l'influence principale est plutôt à chercher du côté des Douze salopards de Robert Aldrich envers lequel la comparaison est difficile pour Valerii. En effet, l'intérêt de ce type de cinéma est souvent conditionné à la création de personnages charismatiques (Enfants de salauds d'André De Toth, Les Douze salopards encore) ou d'un minimum de rebondissements venant relancer l'action (le très bon Quand les aigles attaquent de Brian G Hutton). Privé de tout cela, le film de Valerii enchaîne les morts platement filmées et les fusillades sans implication dramatique avec une routine désespérante pour une cinématographie brillant habituellement par ses outrances. Seuls trois membres du commando sont un minimum caractérisés : Coburn, Spencer et le sergent forcé par Coburn à rejoindre l'équipe dont on devine tout de suite qu'il sera l’empêcheur de tourner en rond. Tous les autres sont parfaitement interchangeables, ce qui est d'autant plus gênant que même Coburn, Spencer et Savalas campent des personnages extrêmement peu intéressants et dont les motivations se résument en une ligne. Les deux premiers semblent tenter de reconstituer le duo Steiger-Coburn d'Il était une fois la révolution sorti l'année précédente mais là ou chez Leone leur rivalité se teinte de résonances politiques et sociales, chez Valerii on peine à voir autre chose que deux membres d'un commando un peu moins idiots que les autres.



Toutes les tentatives de faire bifurquer le film dans une direction imprévue ou originale ratent avec une régularité de métronome. Lorsque le commando prend quelques fermiers en otage, on anticipe un dilemme (vont-ils laisser partir les innocents ou risquer d’être dénoncés ?) jusqu'à ce qu'un deus ex machina vienne finalement empêcher tout malaise, à l'inverse de la très dérangeante séquence chez Aldrich ou Jim Brown était contraint d'envoyer des grenades sur un groupe de civils agglutinés ; l'inévitable moment de rébellion du commando avorte tout aussi rapidement. De même, l'homosexualité de Telly Savalas évoquée en filigrane (notamment par une très curieuse manie de brûler des allumettes sur le sexe d'une statue grecque !) tombe à plat. Le statisme d'une mise en scène alignant les plans fixes fait le reste, d'autant plus que le passage autour de l'infiltration de Bud Spencer dans le fort est d'une longueur à venir à bout du plus patient des spectateurs. Enfin, une photographie laide et délavée s'en vient former le dernier maillon d'une suite de problèmes reléguant le film de Valerii au rang de curiosité réservée aux fans les plus acharnés du western transalpin ou aux inconditionnels de James Coburn.

Egalement connu sous le titre La horde des salopards, à ne pas confondre avec le film du même nom sorti en 1969 avec Anthony Steffen réalisé par Sergio Garrone.

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