dimanche 8 février 2015

Goldocrack à la conquête de l'Atlantide (Alfonso Brescia, 1965)


Héraclès (Kirk Morris) erre dans le désert avant d'être sauvé par la reine Virna (Luciana Gilli). Plus tard, la troupe de Virna est attaquée et celle-ci enlevée par des hommes de métal contrôlés par Ramir (Piero Lulli). Heraclès et son ami Karr (Andrea Scotti) partent délivrer Virna et découvrent un palais habité par des survivants de l'Atlantide.

Impossible de chroniquer ce film sans lâcher quelques explications à propos de son délirant titre français : si les péplums transalpins sortaient généralement dans nos contrées environ un an après leur exploitation italienne, il est arrivé que près d'une décennie s'écoule (Maciste, le vengeur du dieu maya n'a débarqué en France qu'en 1973) voir dans le cas présent quinze ans. Ainsi, le film d'Alfonso Brescia sortit en pleine période Goldorak, l'opportunisme des distributeurs faisant le reste.
Pourtant, il s'agit bien d'un Hercule - ou plutôt d'un Héraclès -, joué par Kirk " Maciste " Morris tout aussi démotivé que de coutume. Le titre peut rappeler Hercule à la conquête de l'Atlantide de Cottafavi et pour cause, il en est une sorte de remake fauché qui exploite durant une bonne demi-heure le désert pour unique décor avant d'entrer dans le vif du sujet (ou plutôt de sombrer dans le n'importe quoi) lorsque notre joyeux binôme pénètre dans le luxueux palais atlante, composé d'au moins trois pièces dont une salle de contrôle avec quatre leviers et une roue qui tourne. Il va de soi que le méchant Ramir, interprété par un Piero Lulli sous substances illicites, n'hésitera pas à préciser à nos héros que son palais est construit sur un volcan (logique) et qu'il suffit de presser un levier pour que la pression soit dérégulée et que tout explose (évident), sage précision dont Kirk Morris saura se rappeler en temps voulu.


A peu près tout est catastrophique dans ce film, des scènes d'action chorégraphiées n'importe comment au design des atlantes en passant par des retournements de situation totalement stupides (les deux jeunes femmes atlantes qui sauvent Hercule et Karr parce qu'elles sont tombées amoureuses d'eux en quinze secondes) ou par la présence d'hommes d'acier qui rappellent ceux en or du Triomphe d'Hercule et qui constituent à eux seuls un très grand motif de rigolade grâce à leur combinaison moulante. On notera aussi le moment où Ramir, bien que possédant une sorte de sceptre laser désintégrateur, préfère charger Hercule armé d'un bout de bois tandis que la version française apporte un " comique " de situation absolument consternant ( " je suis l'émir Akulé " non mais franchement les gars... ). Mais quelque part, l'aspect science-fiction ringarde donne au film un micro-charme que ne possèdent ni les Hercule " gladiateurs ", trop prévisibles et trop conformistes, ni les Hercule d'aventure plus traditionnels. La présence d'un laboratoire tout droit sorti d'un Frankenstein de série Z en Atlantide, les tirs de laser ou le surjeu des méchants font de ce Goldocrack à la conquête de l'Atlantide un monument kitsch qui s'avère relativement agréable regardé au second degré (là ou ses prédécesseurs étaient la plupart du temps simplement ennuyeux).


Difficile d'en dire plus long sur ce sous-produit dégénéré qui constitue, par rapport à son modèle cottafavien, l'un des addenda les plus risibles de l'histoire du péplum. Kirk Morris est sans doute après Dan Vadis l'acteur le moins charismatique du genre et Alfonso Brescia enchainera par la suite les mauvais décalques de Star Wars et les improbables La vie sexuelle de Don Juan ou Supermen contre les amazones. La saga Hercule aura ainsi été un parfait exemple de nivellement par le bas, offrant à ses débuts un grand film (Hercule à la conquête de l'Atlantide), quelques objets intéressants (la Vengeance d'Hercule, Hercule et la reine de Lydie) et une œuvre de Bava aussi splendide visuellement que pauvre scénaristiquement (Hercule contre les vampires), avant que les budgets ne se réduisent et que les tâcherons de quinzième zone ne prennent la place des artisans consciencieux des origines.

Note : ce film sera le dernier Hercule de cette série de chroniques, nous passerons désormais à l'étude de son rival Maciste. Tous les Hercule de la période 57-66 ont normalement été abordés, à l'exception des deux films cumulant plusieurs héros (Hercule, Samson et Ulysse d'une part et Le Grand Défi d'autre part) sur lesquels nous reviendrons plus tard, et du Défi des géants qui a malheureusement été impossible à dénicher mais dont la réputation calamiteuse semble indiquer que la perte n'est pas primordiale.

2 commentaires:

  1. Petite faute:"son modèle cottavafien", c'est plutôt cottafavien
    Gloire a Maciste!

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    1. En plus, c'est une faute que je fais TOUT LE TEMPS. A croire que je tiens à tout prix à ce qu'il s'appelle Cottavafi. Je dois avoir un foutu fond de dyslexie.

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