lundi 9 février 2015

Angel Terminators (Wai Lit, 1992)



Ken (Kenneth Tsang), un parrain de la mafia, rentre à Hong-Kong après un exil en Thaïlande. Alors que la policière Ida (Sharon Yeung) est envoyée enquêter sur ses trafics, Ken s'en prend à son ancienne maitresse Carrie (Carrie Ng), en faisant pression sur le mari policier de celle-ci afin d'obtenir des informations.

Si Angel Terminators n'est certainement pas un film ayant durablement marqué l'histoire du cinéma, il n'en reste pas moins qu'il constitue une relative bonne surprise, surtout au sein d'un genre - le girls with guns - qui à l'instar du women in prison est plutôt avare en grands films. Pour commencer, le scénario n'est pas aussi mauvais qu'on pouvait le craindre et réserve quelques bonnes surprises ; l'héroïne n'est pas invincible et les moments ou une Sharon Yeung droguée par les méchants hurle pour avoir sa dose font forte impression. Les personnages ont un minimum de relief, qu'il s'agisse de l'indicatrice avec laquelle Yeung entretient une relation amicale ou du couple formé par Alan Chui et Carrie Ng, en passant par la méchante jouée par Michiko Nishiwaki qui cherche à venger son amant tué par les policiers. Il est simplement dommage que tout ceci soit un peu terni par un manichéisme pénible (le méchant joué par Kenneth Tsang se révélant de plus en plus abject au fur et à mesure) qui culmine lors d'une scène gratuite durant laquelle celui-ci urine sur le visage de Carrie Ng. La disparition des personnages d'Alan Chui et de Carrie Ng, les seuls à être un minimum ambigus, fait sombrer le récit dans un certain schématisme.


Les deux grandes qualités d'Angel Terminators résident dans son sens de l'action et dans son casting. Il n'y a pratiquement jamais plus de cinq minutes sans qu'une bagarre ne survienne et le film est particulièrement généreux sur ce plan. Le premier quart d'heure à lui seul voit s'enchainer la course poursuite en voiture marquant la fuite de Kenneth Tsang, une prise d'otages durant laquelle on découvre les capacités martiales de Sharon Yeung et Kara Hui, un affrontement entre la police et les sbires de Tsang et enfin un règlement de comptes entre mafieux où un rival est éliminé. Aucune des grandes stars du girls with guns - Moon Lee, Yukari Oshima - n'est présente ici, ce qui n'empêche pas la distribution d'être de bon niveau d'ensemble. Tout le casting féminin est impeccable, à la fois crédible lors des combats et lors des moments d'émotion qui fonctionnent (une exception : le surjeu des actrices lorsque Kara Hui pleure la disparition de Sharon Yeung). Côté masculin, si Kenneth Tsang parvient à donner du relief au mafieux relativement archétypal qu'il incarne, on n'échappe pas aux habituels gweilos patibulaires qui nous gratifient de leurs meilleures grimaces menaçantes. L'apparition finale de Dick Wei permet un combat spectaculaire et violent qui conclue efficacement le film.


Au-delà des problèmes typiques des séries B hongkongaises de l'époque (photographie un peu laide, musique désagréable avec synthétiseurs omniprésents, cadrages très approximatifs) Angel Terminators accuse également quelques carences sur le plan du montage, les enchainements étant parfois brouillon dans leur rapidité. Globalement, il s'agit d'un film plus appréciable pour son charme quelque peu daté, pour son énergie et ses acteurs que comme un véritable grand film de metteur en scène et même parmi les artisans ayant œuvré dans l'ex-colonie, on reste un bon cran en-dessous des meilleurs films de Ringo Lam ou Kirk Wong. Néanmoins Angel Terminators n'ennuie jamais et reste pour cette raison largement plus agréable que n'importe quel Iron Angels. Son aspect bricolé n'empêche pas qu'on se demande à plusieurs reprises combien de cascadeurs ont du finir à l’hôpital  ; et en dépit de tous ses défauts cinématographiques, il constitue l'un des sommets - tout est relatif ! - d'un genre où il ne sera dépassé que par une petit poignée d’œuvrettes, au premier rang desquels figurera sa fausse suite Angel Terminators 2.

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