Ma mémoire vieillit avec moi aussi j'écris sur des films que je m'en voudrais d'oublier.
samedi 18 janvier 2014
La Marque (Val Guest, 1957)
Après une chute de météores, le professeur Quatermass (Brian Donlevy) découvre que des personnes infectées sont emmenées dans une mystérieuse usine. A l'aide d'un ami politicien, Quatermass parvient à s'infiltrer dans celle-ci et y découvre un vaste complot.
Suite directe du réussi Le Monstre, ce nouvel opus des aventures du professeur Quatermass se singularise de son prédécesseur par plusieurs aspects. Si la personnalité de Quatermass, bourru, autoritaire et intransigeant, n'est guère modifiée, l'intrigue de science-fiction ne repose plus sur l'idée d'une créature terrifiante gagnant en puissance mais par le fait qu'elle contamine les humains pour aider à sa propagation. Evidemment, il est difficile de ne pas penser au superbe L'invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel et la comparaison se fait en défaveur de l'oeuvre de Val Guest, mais en admettant que celui-ci n'ait effectivement pas eu connaissance du film de Siegel, il n'en demeure pas moins que La Marque est un successeur pus qu'honorable au Monstre qui a le mérite d'éviter la reprise scolaire des recettes évidentes qui avaient fait le succès du premier Quatermass.
Si le côté horrifique du Monstre est ici pratiquement abandonné, l'intrigue se politise également puisque les ennemis ne sont désormais plus aussi aisément identifiables et possèdent des appuis dans les plus hautes instances. Il n'est d'ailleurs sans doute pas anecdotique de constater que Quatermass s'allie avec un groupe d'ouvriers avant qu'ils ne soient pour beaucoup d'entre eux bernés par des fausses promesses des extraterrestres, dans un conflit faisant énormément penser à une grève !
Du fait que la menace soit omniprésente, les seconds rôles au premier rang desquels on trouve l'inspecteur Lomax, les deux adjoints de Quatermass ou encore les leaders ouvriers sont mieux intégrés au récit que dans le premier épisode où la personnalité de Quatermass tendait à écraser le reste du casting. La présence d'un budget plus important se fait également ressentir, avec notamment une longue fusillade dans l'usine ; le design de la créature prête en revanche plutôt à rire, et il est heureux qu'elle apparaisse aussi peu à l'écran. Il faut aussi préciser que le scénario maintient une nouvelle fois l’ambiguïté autour du personnage-titre puisque le quartier général des extraterrestres est en réalité une modification d'une base stellaire crée par Quatermass lui-même, rendant celui-ci en partie responsable de l'invasion.
Certes, le scénario n'est pas un modèle de rigueur et on peut se demander légitimement comment des aliens aussi démoniaques peuvent laisser partir Quatermass après que celui-ci ait vu des infectés ; sur ce plan, dans sa simplicité Le Monstre s'avérait plus rigoureux. En revanche La Marque est plus généreux en terme de scènes marquantes : celle ou un infecté déambule dans un escalier anticipe génialement les futurs films de zombies - qui sont d'ailleurs le nom donné aux infectés par les ouvriers - tandis que deux moments d'abattage à bout portant rappellent l'un des éternels mérites de la série B : sa sécheresse. Sans être un immense réalisateur, Val Guest se révèle à nouveau un artisan efficace au style plus passe-partout que Don Siegel mais sec et rigoureux.
Malheureusement, ce Quatermass serait le dernier réalisé par Val Guest et incarné par Brian Donlevy. Il reviendrait quelques années plus tard, sous la tutelle de l'inégal Roy Ward Baker et avec cette fois-ci Andrew Keir dans le rôle principal. Et si le 2001 l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick a pu faire oublier à certains jeunes cinéphiles l'existence d'une science-fiction antérieure, Le Monstre et La Marque, en dépit de leurs budgets inférieurs, se révèlent de très bons films matures et intelligents finalement assez peu marqués par le temps.
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