jeudi 11 décembre 2014

Opération frère cadet (Alberto de Martino, 1967)


Neil Connery (Neil Connery), un chirurgien, est spécialisé dans l'hypnose. Alors qu'une redoutable organisation chercher à faire main basse sur les réserves d'or planétaires, les services secrets décident de recruter Neil, frère d'un de leurs meilleurs agents secrets.

On parle beaucoup du western spaghetti, plus rarement du péplum mais on oublie que durant la période de transition entre les deux (en gros le milieu des années 60) a fleuri un troisième genre important au sein du cinéma populaire italien : le film d'espionnage. L'important succès des premiers James Bond a conduit des distributeurs décidément pleins d'idées neuves à multiplier les agents 003, 3S3 et autres 077 qui parviendraient parfois à faire passer les aventures de nos Coplan et OSS 117 nationaux pour de sympathiques divertissements. Opération frère cadet n'est certainement pas original en ce qui concerne sa trame : un méchant qui est le numéro 2 d'un grand conglomérat criminel nommé Thanatos souhaite récupérer des secrets industriels cachés dans l'inconscient d'une jeune japonaise. Les services secrets anglais font alors appel à un médecin qui contrecarre les plans de l'organisation grâce à sa science du tir à l'arc et à de l'hypnose. A priori, on pourrait penser que ces deux talents ne sont guère cinégéniques, alors que... ils ne le sont pas du tout ! Le déficit en spectaculaire est évident mais au moins le budget relativement correct permet quelques réjouissances (l'armée personnelle du méchant composée d'anciennes Miss Italie !).



Non, l'intérêt principal (unique ?) d'Opération frère cadet, c'est le jeu délirant auquel le film joue avec ses modèles bondiens. Bernard Lee reprend le rôle de M (renommé Cunningham) tandis que Lois " Moneypenny " Maxwell se voit attribuer le nom de Miss Maxwell ! Beta est joué par Adolfo Celi à peine deux ans après qu'il ait incarné Largo dans Opération tonnerre et la " James Bond girl ", Daniela Bianchi, était celle de Bons baisers de Russie. Même un second rôle comme celui d'Alpha - le supérieur d'Adolfo Celi - est tenu par Anthony Dawson, vu dans James Bond contre Dr No, mais la cerise sur le gâteau réside dans le choix de Neil Connery, le frère de Sean, pour jouer le frère de Bond ! Evidemment, il était impossible pour Alberto de Martino de nommer clairement les personnages, ce pourquoi on voit fleurir des dialogues plus incongrus les uns que les autres en guise de clins d'oeil aux spectateur. " C'est le frère de cet agent, vous savez, zéro zéro.... " " Oui, ennuyeuse, cette famille ! " discuteront Alpha et Beta ; et lorsque le bon docteur Connery avertit Daniela Bianchi de la trahison de son employeur, celle-ci lui répond spontanément qu'il lit trop de romans de Ian Fleming.



Est-ce qu'Opération cadet est réellement un film ? Il apparaît plus comme une blague originellement drôle mais qui diluée en un film d'une heure et demie est évidemment incapable de tenir la distance. On note l'effort appréciable du duo Ennio Morricone/Bruno Nicolai à la musique, qui signent un thème très loin des standards bondiens (on se croirait dans un western, la présence de la chanteuse Christy qu'on retrouverait sur Colorado ou Tepepa jouant probablement) mais très sympathique. Pour le reste, à voir une parodie bondienne on préférera largement la série Harry Palmer avec Michael Caine dont les épisodes signés Sidney J. Furie ou Ken Russell valaient largement leurs modèles ; pour ne pas en rajouter trop longtemps sur la prestation calamiteuse de Neil Connery, on laissera le réalisateur exprimer son ressenti vis-à-vis de son " acteur " (rappelons que contrairement à son frère, il n'avait aucune formation) :

" Nous avions à relever le défi quasi impossible d'utiliser ce pauvre Neil Connery. Non seulement c'était le contraire d'un acteur, mais il ne ressemblait à rien. [...] Nous lui avions inventé un personnage de médecin hypnotiseur : il n'avait donc qu'à agiter les mains pour hypnotiser les gens, et il parlait le moins possible. A part ça, il faisait ce qu'il pouvait [...] "

Qu'on ne nous accuse pas d'être mauvaise langue !

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