vendredi 12 décembre 2014

Lady Yakuza 7 : Prépare-toi à mourir ! (Tai Kato, 1971)



Oryu assiste à un conflit entre un bossu, Yasu, et des hommes du clan Kubo. Elle défend l'infirme qui était accusé d'avoir triché aux cartes, et plus tard c'est au tour d'Oryu elle-même d'être accusée du même forfait dont elle ne se tire que grâce à l'intervention de Yuki (Koji Tsuruta), un yakuza qui tente de faire barrage au clan Kubo.

On demandera un peu d'indulgence pour cette critique étant donné le risque de paraphraser ce qu'on a écrit sur Lady Yakuza 6 : il s'agit encore une fois d'un film formellement très abouti mais dont le scénario est un décalque de celui des épisodes précédents. En réalité, ces deux points sont à nuancer ; en ce qui concerne le scénario, si l'on n'échappe pas aux personnages que l'on finit par connaitre par cœur (Koji Tsuruta en yakuza chevaleresque, un orphelin pleurnichard, un jeune chien fou et des méchants très méchants) les deux " nouveaux " sont plus intéressants. Il y a d'abord Yasu, un bossu rejeté par la société qu'Oryu parvient à acquérir à sa cause par un peu de bienveillance, et l'adjoint de Yuki qui le trahira avant de succomber au remord. Ils sont les seuls personnages nuancés qui revêtissent des nuances de gris, et le fait est que si on parvient à ne pas (trop) se lasser de la saga, c'est parce que derrière une structure très codifiée aux apparences manichéennes, les variations se font principalement autour de personnages aux motivations moins évidentes. Il y a également une teinte plus sombre qui apparaît ici avec une Oryu qui, en dehors de ses tête-à-tête avec Yasu, semble progressivement perdre de sa patience et de sa compréhension avant d'exploser durant les dernières minutes.



L'autre petite originalité, c'est qu'on revit toutes les situations archi-rebattues... mais sur d'autres personnages ! Ainsi ce n'est pas le bon oyabun qui est tué par les hommes du clan Kubo mais Yuki lui-même, Yuki qui ne participe logiquement pas au combat final, " remplacé " par le chien fou Tsune qui était habituellement l'archétype du jeune sanguin qui se faisait éliminer aux deux tiers du film. De même, l'intermède comique avec Kumatora est ici placé en fin de film (c'était pratiquement tout le temps au début) ce qui représente un choix audacieux mais raté : la tension accumulée depuis une heure s'échappe brutalement lors d'une séquence burlesque ou Oryu fait voltiger un ministre à moitié nu pendant que l'ami Kumatora se fait prendre à tripoter une geisha... Ces scènes sont habituellement lourdaudes, ici elles cassent en plus un rythme par ailleurs mieux géré sur la durée que dans l'épisode 6. Il faut aussi mentionner que les scènes larmoyantes propres au genre sont un petit peu trop présentes, mais ce défaut est récurrent dans les volets ou Oryu est confrontée à des figures d'enfants orphelins.



Formellement, même si l'on est un demi-cran en-dessous des épisodes 3 et 6 (qui sont de véritables merveilles sur cet aspect), une fois encore Tai Kato survole la concurrence. Du plan-séquence aussi discret que réussi, du combat en plan fixe rendu miraculeusement pertinent par la position du cadre (l'assassinat de Yuki), un repos de l'héroïne avant la confrontation finale ou Kato ose ne filmer que la moitié de son visage, des jeux extrêmement recherchés sur la profondeur de champ... Lors du combat final, on est stupéfait de constater qu'un acte apparemment anodin (l'héroïne perd sa barrette et se bat les cheveux au vent) donne à la scène une brutalité et une sauvagerie que l'on n'avait pas anticipé ; de même, si il n'est évidemment pas nouveau au cinéma de créer une dramatisation à l'aide de la pluie - Les sept samouraïs sont passé par là - Kato le fait avec une redoutable efficacité.
On arrive pratiquement au bout de la saga - ne reste plus qu'un épisode - et faute d'avoir rencontré une grande série du niveau des Baby Cart, des meilleurs Zatoichi ou Sasori, on lui saura gré d'avoir imposé une actrice dont le charme et le naturel éclipsent un jeu quelque peu archétypal ainsi qu'un metteur en scène talentueux doublé d'un esthète. Rien que pour cela, on ne regrette rien.

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