dimanche 28 décembre 2014

Hercule contre les tyrans de Babylone (Domenico Paolella, 1964)



Une reine grecque a été capturée par les babyloniens, dirigés par Assur (Tullio Altamura), Salmanassar (Livio Lorenzon) et Thanit (Helga Line), deux frères et une sœur qui complotent les uns contre les autres. Mais la reine est aimée d'Hercule (Rock Stevens) qui va braver tous les dangers afin de la libérer.

L'avantage d'enchainer des Hercule allant du très mauvais à l'irregardable, c'est qu'une œuvre assez médiocre comme Hercule contre les tyrans de Babylone a presque l'air d'un retour en forme en comparaison. Et pourtant, on reviendra assez longuement sur les multiples bifurcations stupides d'un scénario qu'il devient impossible de prendre au premier degré. Mais Paolella est un metteur en scène relativement correct, le manque de budget est certes présent mais moins criant que dans Hercule l'invincible ou Le Triomphe d'Hercule, et pour une fois le film ressemble à un produit fini et non pas à un empilage de stock-shots. Le culturiste Rock Stevens n'est autre que Peter Lupus, le costaud de la série Mission Impossible. Sans être aussi lamentable que Dan Vadis, il faut admettre que l'acteur n'est guère expressif et qu'en dehors de sa musculature et de sa grande taille (il est très imposant physiquement), son talent n'est pas franchement évident. Petite originalité : Hercule combat ici à l'aide d'une masse, que Lupus, en bon haltérophile, utilise avec conviction.



Comme dans Hercule contre les mercenaires, le culturiste est quelque peu en retrait et l'accent est mis sur les complots de palais. Ici, deux frères et une sœur (plus, sur la fin, leur ennemi assyrien) s'entretuent pour avoir la pleine possession de la cité. Ca n'est pas extrêmement intéressant, surtout parce qu'on a vite l'impression que personne ne compte réellement tuer Hercule mais plutôt éliminer ses frères avant, le demi-dieu se contentant de son côté de tout casser sur son chemin. Ni Assur ni Salmanassar ni Phaleg ne parviennent à être plus que des stéréotypes de cinéma, mais Thanit bénéficie du charme d'Helga Line qui vole facilement la vedette a ses partenaires de jeu. Le moment ou les femmes suppliciées clament en chœur être la reine prisonnière est outrageusement volé au Spartacus de Kubrick et on notera l'intelligence de Salmanassar, qui demande à ses hommes de " ne pas les laisser mourir " les esclaves tout en ne leur apportant " ni à manger ni à boire " (intéressant programme).



On peut certainement dire que Lupus était prédestiné à jouer dans Mission Impossible dans la mesure ou bien avant la célèbre série, il était déjà confronté à un mécanisme d'auto-destruction tout à fait inédit puisque dans le cas présent c'est la cité qui possède la capacité de s'écrouler pour peu qu'une centaine d'hommes (traduisez : pour peu qu'Hercule) actionne un mécanisme savamment pensé (il est vrai que tout constructeur besogneux prévoit l'auto-destruction de sa ville) et enclenche une série d'explosions de maquettes. Un grand moment de gêne se trouve aussi lors de l'affrontement entre Hercule et une demi-douzaine de lutteurs : déjà victime d'un certain statisme de la mise en scène, le combat vire à l'absurde lorsque les adversaires se frappent à coups de gourdins sur fond de bruitages caoutchouteux qui font d'avantage penser à des jouets Fisher Price qu'à de véritables armes. Globalement, le fait d'avoir transformé Hercule en lanceur de massues est parfois ridiculisé par l'évidence de leur caractère factice.

En dépit de ses personnages caricaturaux, de son acteur principal inexpressif et de quelques moments de comique involontaire, Hercule contre les tyrans de Babylone contient suffisamment d'action, de rebondissements et de trahisons pour en être amusant. On est évidemment très loin d'un grand film de cinéma mais le temps parait moins long que devant les autres Hercule réalisés la même année, sans parler des quelques films réalisés en 1965, en pleine agonie du genre.

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