Après le succès des deux films de Pietro Francisci mettant en scène Hercule, toute idée de continuité est abandonnée par les producteurs et affleurent des suites plus ou moins officielles profitant de la mode du péplum. En 1960, deux opus sortent en Italie à une semaine d'intervalle : La Vengeance d'Hercule, du prestigieux Vittorio Cottafavi, et Les amours d'Hercule du beaucoup moins prestigieux Bragaglia ; notons que l'année suivante, ils réaliseront ensemble Les Vierges de Rome avec Louis Jourdan.
Revenons-en aux Amours d'Hercule ; c'est une catastrophe quasiment intégrale qui marque une extraordinaire régression après un Hercule et la reine de Lydie relativement convaincant. Premièrement, si Steve Reeves n'était pas un acteur shakespearien, il trouvait un bel équilibre entre charisme, décontraction et comédie. Ici Mickey Hargitay compose un Hercule d'une fadeur soporifique qui pousse certaines scènes vers l'involontairement comique (la mort de Mégare). Jayne Mansfield était très belle mais dénuée du magnétisme d'une Gianna Maria Canale par exemple, et seul Massimo Serato s'en tire convenablement en méchant vu et revu.
Le scénario est d'une idiotie confondante. Plus préoccupé par l'histoire amoureuse autour du couple star Hargitay-Mansfield, mariés à la ville, Bragaglia délivre environ une scène d'action toutes les demi-heures avec une constance dans le ridicule qui force le respect. Au programme donc : Hercule passe cinq minutes à se servir d'un tronc d'arbre comme bélier, avec des soldats qui préfèrent le laisser faire plutôt que de bloquer la porte ; Hercule affronte une hydre de Lerne qui est ici un chien à trois têtes (le scénariste n'étant visiblement pas un grand féru de mythologie grecque) aux effets spéciaux ignobles n'essayant même pas de mordre une seule fois. Hercule rencontre Hippolyte la reine des Amazones - comme dans le premier film - qui l’envoûte pour le forcer à rester avec elle - comme dans le second - ; elle périra tuée par un des hommes-arbres en lesquels ses amants sont transformés sur fond de voix-off caverneuse " tu vaaaaas mouriiiiir ".
Tout cela n'est déjà pas bien palpitant, mais que dire de cette intrigue secondaire entre un des assistants d'Hercule, Tamanto, et une servante de Déjanire ? Heureusement, Bragaglia nous réserve le grand jeu sur la scène finale avec une sorte de yéti surgissant de nulle part pour stopper le règne du démoniaque Licos avant qu'Hercule ne mette un terme tant à son existence qu'aux souffrances du spectateur.
En plus d'effets spéciaux grotesques, d'un jeu d'acteur médiocre et d'un manque de budget criant, Bragaglia témoigne d'une incapacité manifeste à filmer la foule. Rarement une scène d'action n'a semblé aussi molle que l'attaque du camp de Mégare, et le soulèvement final contre Licos est mis en scène sans la moindre envergure. De plus, le fait que les méchants soient tués par des éléments extérieurs (l'hydre-Cerbère, le yéti) donne l'impression qu'Hercule ne fait pas grand chose d'un tant soit peu conséquent du film, si ce n'est soulever des troncs d'arbre ou tuer des taureaux. Sa vengeance qu'on promet dévastatrice est mis au placard au bout d'à peine dix minutes. On notera que même l'affiche du film semble se moquer du spectateur puisque Mansfield y est blonde et Hargitay barbu, alors qu'ils sont en réalité respectivement brune et glabre ! Le seul aspect sympathique réside dans la photographie d'Enzo Serafin - collaborateur d'Antonioni et Rossellini - qui faute de faire oublier le travail de Bava sur les films de Francisci donne une certaine élégance kitsch aux décors. Pour le reste, un péplum exécrable parfaitement dispensable.
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