dimanche 23 février 2014

La Vengeance d'Hercule (Vittorio Cottafavi, 1960)



Hercule (Mark Forest) revient vainqueur du dernier de ses travaux, l'affrontement contre Cerbère. Dans la ville d'Ecalia ou Illo, le fils d'Hercule, convoite la jeune Thea, le souverain usurpateur Euritos (Broderick Crawford) complote contre Hercule ; il envoie la belle esclave Alsinoe (Wandisa Guida) provoquer un conflit mortel entre le père et le fils.

Dès l'arrivée d'Hercule aux Enfers, on est frappé par la ressemblance entre le Cerbère très laid qu'affrontera Mark Forest et " l'hydre " des Amours d'Hercule ; mais l'autre surprise, c'est de voir comment deux cinéastes compensent chacun à leur manière des effets spéciaux ratés et des bestioles pas effrayantes pour un sou. Là ou Bragaglia semblait poser sa caméra et attendre que quelque chose se passe, le dynamisme de la mise en scène de Cottafavi, la conviction de Mark Forest et surtout l'intelligence d'un montage rapide qui laisse suggérer au maximum et évite l'abus de plans sur le Cerbère font qu'une scène potentiellement grotesque se transforme en moment de cinéma convenable.



Pourtant, cette Vengeance d'Hercule regorge de créatures improbables. Hercule affrontera ainsi un homme-chauve-souris géant, un curieux centaure bipède ou une sorte d'homme-ours qu'il est difficile de voir s'agiter aujourd'hui sans esquisser un sourire. Là encore, Cottafavi a systématiquement l'heureuse idée de ne pas trop s'attarder dessus. Beaucoup plus réussies sont les séquences incluant de vrais animaux avec un puits à serpents et surtout, une scène de torture marquante durant laquelle les victimes sont attachées par terre jusqu'à ce qu'un éléphant ne leur broie les os. Le sadisme raffiné du cinéaste s'accorde très bien à un suspens savamment dosé.

L'excellente surprise, c'est Mark Forest, un des rares culturistes également doté d'une formation d'acteur. Elle se voit et ici, il ne cède en rien à l'emblématique Steve Reeves, aussi à l'aise en poussant des blocs de marbre que lors des scènes dramatiques. On peut fortement regretter qu'il s'agisse de son unique incarnation d'Hercule d'autant plus que Broderick Crawford incarne un méchant crédible et convaincant. Dans l'ensemble, le casting est tout à fait à la hauteur si l'on excepte Sandro Moretti en Illo pleurnichard et tête à claques.



Le scénario de La Vengeance d'Hercule est l'un des plus curieux parmi les péplums italiens de l'époque, car il est beaucoup moins centré sur les exploits d'Hercule que sur les complots contre lui et les diverses manœuvres politiques. Ce parti pris risqué fonctionne plutôt bien du fait que souvent, les retournements de situation surprennent vraiment et permettent aux personnages de ne pas être réduits au stade de pantins de la mécanique narrative. Par exemple, alors que l'on s'attend à une rapide exécution d'Illo, le conseiller d'Eurito parvient à le convaincre qu'il est plus efficace de le monter contre son père (et l'air de rien, ce n'est pas si souvent que les méchants d'un péplum semblent dotés d'intelligence). De même, la séquence durant laquelle Illo est prêt à empoisonner son père malgré lui semble cousue de fil blanc jusqu'à ce qu'une prière d'Alsinoe ne change la donne tout en réconciliant temporairement le père et le fils. Cette capacité à faire agir les seconds rôles et à donner du corps aux personnages secondaires pourtant nombreux ne va parfois sans une certaine confusion, mais arrive à rendre le film encore plus intéressant lors des scènes de palais que lors des moments d'action. Le sens du cadre de Cottafavi, un brin d'humour et un très beau visuel (magnifiques séquences avec la sibylle dignes de Mario Bava) font le reste, sans oublier la très intéressante dimension trafique de la fin. Il faut ajouter qu'il s'agit d'un des péplums avec le plus grand nombre de personnages féminins, tous intéressants avec en tête de ligne l’ambiguë Alsinoe.

Sans ses monstres en caoutchouc douteux, La Vengeance d'Hercule aurait pu être l'une des rares éclatantes réussites du péplum transalpin. Au lieu de cela, il s'agit d'une sympathique réussite de Cottafavi qui allait enchaîner avec le plus fameux des péplums herculéens : Hercule à la conquête de l'Atlantide.

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