samedi 17 janvier 2015

La mort était au rendez-vous (Giulio Petroni, 1967)


Un convoi d'or est attaqué par quatre bandits, qui assassinent ensuite une famille innocente. Bill (John Philip Law), un jeune garçon, est le seul rescapé. Quinze ans plus tard, Bill, devenu un tireur exceptionnel, rencontre le mystérieux Ryan (Lee Van Cleef) qui sort de prison. Tous deux recherchent les mêmes hommes mais leurs motivations diffèrent.

En dépit d'une certaine unanimité critique autour du film de Petroni (les spécialistes Jean-François Giré, Gian Lhassa, Jean-Marie Sabatier et Laurence Staig le considèrent tous comme une grande réussite), et en dépit du fait que celui-ci se situe effectivement dans le haut du panier du western transalpin, il n'en demeure pas moins que La mort était au rendez-vous est légèrement décevant. Comme on a pu le dire à propos du Grand Duel, les deux films partagent en plus de Lee Van Cleef une certaine rigueur ainsi qu'une incapacité à se démarquer de l'influence leonienne. Le néophyte surestime souvent le nombre d'emprunts au grand Sergio réalisés par d'autres cinéastes (des œuvres comme Tire encore si tu peux, Et le vent apporta la violence ou Matalo ! sont pourtant très loin de l'esthétique du maître) mais La mort était au rendez-vous fait partie des quelques titres pour lesquels l'affirmation devient vraie. En cause, la présence du scénariste Luciano Vincenzoni responsable entre autres de Et pour quelques dollars de plus. Celui-ci aurait d'ailleurs était engagé par les studios pour capitaliser sur le succès du film de Leone selon son propre aveu, d'où de nombreuses similarités tant dans l'histoire (le rapport à la fois rival et filial entre les deux personnages principaux, la vengeance comme moteur de l'action, les flashbacks, les passages à tabac ou encore le règlements de comptes à deux contre toute une bande dans un coin déserté) que dans la distribution où l'on retrouve bon nombre de têtes connues.



Comme pour Le Grand duel, le film bénéficie de la présence de Lee Van Cleef autant qu'il souffre de la présence de son jeune acolyte. John Phillip Law en simli-Clint Eastwood se révélant très médiocre. Heureusement, un superbe casting de méchants vient rehausser l'intérêt puisqu'on y trouve à la fois Anthony Dawson, José Torres, Luigi Pistilli et Mario Brega. Si leurs motivations ne sont pas extrêmement développées (globalement, les intérêts des quatre tueurs ne divergent guère si ce n'est le fait que José Torres souhaite également venger son frère), chacun d'entre eux a juste assez de temps à l'écran pour imposer un sourire goguenard ou un air patibulaire. Une originalité du scénario de Vincenzoni réside dans le côté " jeu de piste " de l'histoire : John Philip Law ne connait pas l'identité des tueurs mais seulement des indices (un visage, une boucle d'oreille, un tatouage, une cicatrice...) qui l'amèneront à retrouver les coupables. L'alternance entre les conflits Law/Van Cleef et la trame générale permet à Petroni de maintenir son film à flots sur la durée, et les scènes d'introduction - sous la pluie - et de conclusion - durant une tempête de sable - sont de très beaux moments de cinéma.



La partition d'Ennio Morricone, lyrique et empathique, est très intéressante mais comme souvent employée de manière trop répétitive. On comprend facilement la très bonne réputation du film de Petroni : sa rigueur (à échelle italienne bien sur), son script relativement cohérent et sa facture visuelle correcte le rendent oh combien plus agréable à regarder qu'un quelconque Priez les morts, tuez les vivants par exemple. Mais c'est un film qui a peu de personnalité ; ni réellement politique (les notables corrompus semblent ici être des archétypes plutôt que des éléments de discours) ni fantastique ni gore ni délirant, il peine à être plus qu'un western spaghetti bien fait qui surnage sans problème dans une production d'ensemble médiocre. Mais au moins a t-il le mérite de ne jamais se perdre dans des détours inutiles (pas de personnage féminin, pas de digressions) et de remplir totalement son cahier des charges rayon sadisme, fusillades, duels et autres parties de poker. Petroni se révèlera beaucoup moins à l'aise dans ses westerns allégoriques (Tepepa) ou comiques.

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