Les trois frères Clemens, Frank (Jack Elam), Rufus (Strother Martin) et Emmett (Ernest Borgnine) commettent un braquage qui vire au massacre, puis violent Hannie (Raquel Welch) et tuent son mari. Hannie rencontre un chasseur de primes, Thomas (Robert Culp) et le supplie de l’entraîner afin qu'elle puisse exercer sa vengeance. D'abord réticent, Thomas finit par accepter.
Difficile de savoir par quel bout prendre ce ratage intégral qui en fait de fusion entre l'univers du western traditionnel américain et les excès transalpins ne parvient qu'à ajouter une dimension racoleuse à l'ennui. Pourtant, le casting est loin d’être le plus honteux qu'on ait vu : Raquel Welch, Jack Elam, Christopher Lee, Ernest Borgnine et Strother Martin sont tous des acteurs de prestige et semblent se donner au maximum, quitte dans le cas des trois frères à céder au cabotinage le plus complet. En réalité, la réponse est apportée par Robert Culp en chasseur de primes : son inexpressivité est navrante et il gâche tous ses face-à-face avec Raquel Welch. Pourtant, on ne perçoit rapidement plus la différence de niveau de jeu entre lui et les autres du fait que l'inconsistance de leurs personnages vide ceux-ci de tout intérêt. Welch est une jolie vengeresse, et rien d'autre. Martin, Borgnine et Elam ne sont qu'un trio de frères dont on ne sait si ils sont plus méchants que bêtes, ou l'inverse ; enfin Christopher Lee semble se demander ce qu'il fait là et n'est pas le seul. Kennedy donne l'impression de penser que des bons acteurs peuvent suffire à palier une écriture déficiente mais ici il ne reste qu'une accumulation de poncifs et des personnages vus et revus, incapable de susciter la moindre émotion.
On a pu critiquer sur ce blog la mise en scène des Collines de la terreur de Michael Winner, qui ne contenaient qu'un seul vrai moment de brio - la scène finale -. Mais Kennedy ne se révèle même pas d'un niveau équivalent et alterne entre un désespérant statisme et quelques idées qui n'échappent jamais au grotesque. Les zooms sont à peine digne d'un western italien de série Z, et l'emploi d'une sorte de ralenti de ralenti (en gros, imaginez une scène de La Horde sauvage ou un cadavre s'écroule, mais encore ralentie) finit de donner l'impression d'une absence complète de rigueur formelle. Une scène a priori banale en est l'exemple le plus criant : comment auriez-vous filmé un personnage ouvrant une petite boite pour en offrir le contenu à sa voisine ? Bon, quelle que soit votre réponse, celle de Burt Kennedy est la suivante : gros plan sur la boite, puis zoom arrière combiné avec un travelling vertical. Dit comme ça, ça ne ressemble à rien ; sur l'écran, c'est pire. Les flashbacks sont également d'un rare laideur et au final, quelques effets de style de ce genre nous font presque apprécier le statisme qui règne en maître le reste du temps.
Bref, en l'absence d'une mise en scène digne de ce nom, seule une certaine inventivité narrative aurait pu maintenir le film à flots, d'autant plus que Kennedy fut un brillant scénariste notamment pour Budd Boetticher. Sauf qu'entre les dix minutes d'introduction et les vingt voyant la vengeance de Welch se réaliser, il ne se passe rien d'un minimum intéressant durant pratiquement trois quarts d'heure, trois quarts d'heure durant lesquels se succèdent les séquences d'initiation entre Culp et Welsh, les flashbacks et les engueulades inconséquentes entre les trois frères. L'humour ne fonctionne jamais et pire, instaure une distance malvenue entre le spectateur et ce qu'il regarde ( " Papa me manque " " T'avais qu'à pas le tuer ").
On aurait envie de trouver un moment de grâce, une idée, un plan qui justifie le visionnage d'Un colt pour trois salopards mais privé de la rigueur classique des westerns traditionnels comme de l'inventivité des meilleurs concurrents italiens, il semble condamné à rester un produit bâtard dont les velléités hybrides pouvaient séduire sur le papier mais s'avèrent finalement désastreuses. En tout cas, la preuve qu'un amour inconditionnel pour Raquel Welch peut aboutir à bien des déceptions.
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