mercredi 2 avril 2014

Les Colts des sept mercenaires (Paul Wendkos, 1969)



Lorsque le chef révolutionnaire mexicain Quintero (Fernando Rey) est capturé, l'un de ses disciples se décide à chercher de l'aide. Il rencontre Chris Adams (Burt Kennedy), un pistolero réputé qui accepte de vendre ses services à condition de pouvoir monter une petite escouade de mercenaires.

Commençons par quelques mots sur le classique de John Sturges qui divise énormément les amateurs de western. Sans y voir, loin s'en faut, un des grands westerns américains ou même le fleuron de la filmographie du metteur en scène (on préfère largement Le Dernier train de Gun Hill ou le magnifique Un homme est passé, par exemple), force est de constater que le casting, le superbe thème de Bernstein et la bonne facture d'ensemble en font un film largement recommandable.

Troisième film de la saga après Le Retour des sept et avant La chevauchée des sept mercenaires, Les Colts des sept mercenaires possède une trame totalement calquée sur celle du premier opus : des paysans ont besoin d'aide, on part en chercher, on rencontre Chris qui accepte, on recrute quelques gars les uns après les autres et après un peu de jaugeage, un assaut final confronte les bandits aux mercenaires. C'est le décalque d'un film lui-même décalqué sur le chef d’œuvre de Kurosawa et il n'y aura pratiquement aucune surprise de ce coté.


Un peu plus intéressante est la galerie de personnages. Un sous-Steve McQueen (Keno, un poil plus ambigu), un sudiste manchot dont le paranoïa rappelle Robert Vaughn, un noir, un bon père de famille, un tuberculeux et un paysan. Le casting n'a pas le coté all stars du premier opus mais il fonctionne remarquablement bien, notamment Monte Markham et un jeune Joe Don Baker franchement excellents. On a également moins l'impression que les comédiens cherchent à jouer les uns contre les autres et l'ensemble semble sur ce plan plus homogène que chez Sturges, à ceci près qu'un Burt Kennedy dans le rôle principal est loin de faire oublier Yul Brynner : ventripotent et inexpressif, il compose un Chris fade dont on se désintéresse rapidement.

La bonne surprise se trouve du coté de la mise en scène. Celle de Wendkos est ample, précise et remarquablement efficace, sans rien devoir à Sturges. Les travellings secs ou les quelques mouvements de grue font merveille tandis que les rares scènes d'action sont d'un dynamisme revigorant. Les Colts des sept mercenaires est ainsi un film hybride entre le classicisme et les excès spaghettis en vogue ( les exactions commises sur les paysans tout comme la présence de Fernando Rey en chef révolutionnaire peuvent faire penser à du Sergio Corbucci) ; l'assaut final voit l'irruption d'une mitrailleuse et le massacre de mexicains à des cotés Horde Sauvage bis sans la démesure de Peckinpah. Elle n'est pas dénuée de cruauté (tous les personnages tués sont criblés de balles) et contient quelques moments saisissants comme un mercenaire blessé à mort en position fœtale. De plus, là ou les morts chez Sturges étaient souvent sur-signifiantes (le père de substitution devant les enfants, le chercheur d'or après avoir " appris " l'existence du trésor) elles échappent ici à ce travers.


Disons quelques mots sur la musique d'Elmer Bernstein. Certes, il s'agit d'un des plus beaux thèmes du western mais il est parfois remarquablement inapproprié ici. Wendkos est sans doute moins à blâmer qu'une composition enjouée et lyrique qui peine à se marier avec l'ambiance mercenaire - qui pourtant était la même dans l'original ou le thème passait mieux -. Sans faire des Colts des sept mercenaires un indispensable, il s'agit d'une production tout à fait convenable qui doit beaucoup à son metteur en scène, remplissant parfaitement son contrat de divertissement sans prétention auquel il manque surtout un minimum d'originalité et un acteur principal capable de porter le film sur ses épaules.

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