Ma mémoire vieillit avec moi aussi j'écris sur des films que je m'en voudrais d'oublier.
samedi 26 avril 2014
Hercule se déchaine (Gianfranco Parolini, 1962)
Au royaume d'Arpad, Hercule (Brad Harris) découvre qu'après le décès du roi, sa fille Cnidia (Mara Berni) a entrepris la construction d'une immense muraille au pris de la vie de centaines d'esclaves. C'est en réalité le conseiller Menisto (Serge Gainsbourg) qui manipule la reine et ne voit pas d'un très bon œil la venue du populaire Hercule dans la ville.
Brad Harris en monsieur muscle huilé ? Serge Gainsbourg en jupette ricanant sous sa cape ou hurlant devant l'incompétence de ses hommes ? Mara Berni en reine manipulée amoureuse de notre héros ? Il y aurait de quoi penser que j'ai copié-collé la critique de Samson contre Hercule et il faut bien avouer qu'au visionnage, le sentiment de déjà vu n'en était que plus présent. Loin de se contenter de reprendre exactement la même trame - et avec les mêmes acteurs dans les mêmes rôles -, Parolini se dit qu'après tout il serait idiot de varier les péripéties et on retrouvera de nouveau une série d'épreuves infligées à Hercule en public, un passage " tourniquet " ou une scène durant laquelle des murs se referment sur lui. Il est quasiment impossible pour quelqu'un regardant les deux à la suite de retrouver duquel des deux films tels ou tel plan serait issu, j'en prends à témoin la critique de psychovision.net d'Hercule se déchaîne où le rédacteur semble se tromper et avoir en réalité visionné Samson contre Hercule ! Les deux furent tournés en même temps mais le fait que celui-ci soit sorti quelques mois après lui est franchement fatal, d'autant plus qu'il est inférieur à un original déjà plutôt médiocre.
Pour ce qui est de l'action, le principe est simple : on reprend à peu près Samson contre Hercule, qui se caractérisait déjà par un certain minimalisme sur cet aspect, et on essaye d'en faire encore moins. Des éléphants menacent notre débonnaire Brad Harris ? Il lui suffit de les regarder dans les yeux pour les pousser à la fuite, avant de conclure " les animaux savent ce qu'il y a dans le cœur d'un homme ". Ah bon. En revanche, si Parolini nous avait évité les monstres gênants dans son premier opus, ici Hercule affronte une sorte de yéti d'un grotesque achevé. On note aussi le grand courage de l'armée romaine, qui abandonnent leurs chefs alors qu'ils sont environ trente contre un, tandis que Gainsbourg oublie malheureusement la règle numéro un lors d'une prise d'otages (à savoir : ne jamais laisser filer l'otage). Si il y a encore un minimum d'efforts accomplis au rayon photographie, il n'en demeure pas moins que le film se regarde dans un état proche de la léthargie, ni des personnages ultra-stéréotypés (parmi ceux que je n'ai pas encore mentionnés : un gamin admirateur d'Hercule parfois utilisé comme ressort comique, la fille du chef des rebelles qui révélera la traîtrise de Gainsbourg, Alan Steel en garde du corps de celui-ci) ni des scènes de combat à bout de souffle ne parvenant à maintenir un semblant d'intérêt.
Avec Hercule se déchaîne le saga sombre dans une médiocrité affolante ; Les Amours d'Hercule était tout aussi mauvais mais ressemblait à un accident isolé qui cohabitait avec les œuvres infiniment plus ambitieuses de Cottafavi, tandis que Samson contre Hercule arrivait malgré le dilettantisme de la mise en scène à maintenir le spectateur éveillé tant bien que mal. Ici le bâclage semble érigé en norme et les figurants jettent des flèches avec la conviction d'un zombie en plein 110 mètres haies. L'interprétation est à la " hauteur " et entre un Brad Harris hébété, une Mara Berni démotivée et surtout le calamiteux Gainsbourg, on regrette que l'un des rares acteurs convaincants dans Samson contre Hercule, Alan Steel, ne soit ici affublé que d'un rôle.... muet !
Notons pour ne rien simplifier au rayon confusion que le titre original, La furia di Ercole, ne doit surtout pas être pris pour celui de La Fureur d'Hercule, film sorti en 1961 dans lequel le héros n'est pas Hercule mais Ursus. Les deux se partagent d'ailleurs un scénariste nommé Sergio Sollima qu'on retrouvera avec beaucoup plus de succès dans le western (Colorado, Le dernier face-à-face) ou le polar (Revolver, La Cité de la violence). En ce qui concerne sa contribution ici : circulez, y a rien à voir.
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