samedi 28 juin 2014

Hercule contre Moloch (Giorgio Ferroni, 1963)


Un tremblement de terre détruit la ville de Mycènes et tue son souverain. La reine Démétra (Rosalba Neri) donne peu de temps après naissance à un fils difforme, Moloch, et en profite pour relancer le culte du dieu maléfique. Des années plus tard, le fils du roi de Tirynthe, Glauco (Gordon Scott) est bien décidé à mettre fin aux sacrifices humains réalisés au nom de Moloch. 

Ce n'est pas qu'Hercule contre Moloch soit un nanar, il contient quelques éléments intéressants dilués dans un ensemble qui prête plus au bâillement qu'à la consternation. Ce n'est pas que Ferroni soit le plus incompétent des réalisateurs de péplum, il fut même d'un talent sensiblement égal à celui de son prédécesseur Mario Caiano lorsqu'il œuvra comme lui dans le fantastique (Le Moulin des supplices, l'un des classiques du genre). Ce n'est pas non plus un problème lié au fait que Gordon Scott ne joue même pas un vrai Hercule : si Hercule contre Moloch est doté d'un titre trompeur (Scott incarne Glauco qui se fait ensuite passer pour Hercule lorsqu'il tente d'infiltrer l'entourage de la reine Démétra) on ne voit guère de différence puisque comme son rival Maciste, Hercule fut le plus souvent un héros sans grande personnalité dans les péplums italiens. Aussi, que le monsieur muscle huilé chargé de rétablir la justice soit nommé Hercule, Maciste ou Sansom n'y change rien tant leurs bases mythologiques sont de toute manière ignorées. Tout au plus regrettera t-on l'absence d'exploits spectaculaires réalisés par le héros puisqu'il n'est donc pas doté de la force herculéenne qui permettait à Steeve Reeves ou Reg Park de soulever des colonnes de marbre.



Le véritable défaut rédhibitoire du film réside dans l'absence de nouveautés proposées. Tout a été vu et revu lors des épisodes précédents et là ou d'autres réalisateurs avaient tenté avec plus ou moins de bonheur d'intégrer de nouveaux éléments (l'humour distancié de Parolini, le crossover entre héros de Caiano) Ferroni marche essentiellement sur les traces du Hercule contre les vampires de Bava en proposant un Moloch défiguré comme opposant, secondé par une équipe de clichés ambulants (la reine-mère sadique et vicieuse, son conseiller fourbe dont les avances sont repoussées par Medea, le grand prêtre qui subira la colère des dieux) qui ne font guère rêver. Ferroni ne semble à l'aise que lorsqu'il met en scène Moloch (ses apparitions constituent tous les meilleurs moments du film), mais celui-ci n'a pas le charisme d'un Christopher Lee et surtout, la qualité de la photographie signée Bava lui-même permettait à Hercule contre les vampires de faire parfois oublier un scénario faiblard grâce à la splendeur des images. Probablement victime de restrictions budgétaires - en 1963 la mode du péplum est en train de passer, et le genre sera enterré deux ans plus tard avec l'explosion du western - Ferroni livre un travail visuel certes consciencieux mais loin de provoquer la fascination.



Les quelques scènes de bataille semblent déconnectées du reste de l'histoire et pour cause : les amateurs apprécieront de revoir des scènes entières de La Guerre de Troie, péplum plus réussi signé Ferroni lui-même, purement et simplement reprises ! Si ces stock-shots sont plutôt discrets et devraient passer inaperçus aux yeux des néophytes, ils rallongent inutilement des combats sans implication, à l'image du combat final entre Hercule et Moloch totalement raté
Au rayon des rares bonnes surprises, on note une prestation plutôt convaincante de Gordon Scott qui ne devrait pas laisser les spectatrices insensibles. Rosalba Neri tente de faire vivre un personnage stéréotypé avec difficulté mais Alessandra Panaro semble tout juste bonne à crier en attendant que le héros vienne la délivrer. On sourira devant un péplum se situant dans la Grêce antique mais ou certaines séquences - probablement reprises ailleurs - mettent en scène des archers romains.

Note : le film reprend sans le nommer le mythe du Minotaure, et il est amusant de constater que le grand prêtre est nommé Astérion : l'une des plus brillantes nouvelles de Borges, ou le narrateur était le Minotaure en question, n'était-elle pas justement nommée La Demeure d'Astérion ?

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