jeudi 29 mai 2014

Unbeatable (Dante Lam, 2013)



Lin Siqui (Eddie Peng) souhaite concourir au championnat de MMA, sorte de mélange entre le catch et la boxe. Il demande l'aide d'un ancien champion, Ching Fai (Nick Cheung) qui devient son entraineur. En parallèle, Ching Fai, endetté, emménage dans un taudis avec une jeune femme à moitié folle, Gwen (Mei Ting) et sa fille Dani.

Unbeatable est une oeuvre assez symptomatique de l'état du cinéma de Hong Kong. Depuis l'âge d'or (1985-1997 approximativement) les films de l'ex-colonie ont progressé techniquement et désormais, la photo (gros point faible de beaucoup de classiques HK) et la mise en scène de la plupart des gros budgets hongkongais soutient tout à fait la comparaison avec le cinéma américain. Cependant, le professionnalisme ne suffit pas toujours à susciter l'enthousiasme et il arrive au spectateur de regretter des films plus brouillons mais aussi moins formatés et plus imprévisibles. Unbeatable satisfait tout à fait les exigences du spectateur contemporain : il contient de l'action, des drames personnels et de la psychologie. Comme dans le par ailleurs intéressant The Insider, c'est cette psychologie envahissante qui est le plus pénible : encore une fois tous les personnages sont dotés de traumas (Ching Fai et son passé, Lin Siqui et son conflit avec son père, Gwen et la mort de son fils) qu'ils devront affronter au fur et à mesure. Il faut dire qu'Unbeatable est deux films à la fois, un film de boxe autour de l'entrainement de Lin Siqui par Ching Fai puis de leurs combats respectifs, et un double mélodrame sur leurs tentatives de construire ou reconstruire une cellule familiale endommagée.



De ces deux directions empruntées par le scénario, le film de boxe est de loin le plus convaincant. Sa grande qualité est la mise en scène réussie des combats ou la diversité des techniques utilisées par les adversaires permet de rompre la monotonie. Si les scènes d'entrainement sont trop longues et un poil répétitives à force, Dante Lam a la bonne idée d'y inclure pas mal d'humour qui tranche agréablement avec les parties mélodramatiques. En dépit d'une trame générale archi-convenue, au moins le réalisateur nous épargne t-il quelques unes des scènes les plus attendues de ce type de productions (l’entraîneur ne commence pas par refuser, même la défaite ne le sépare pas de son poulain). Il faut aussi signaler les gros progrès accomplis par Nick Cheung, acteur très limité à ses débuts qui petit à petit est parvenu à s'imposer comme une gueule assez marquante du cinéma asiatique contemporain et dont la forme physique est ici impressionnante. Il est simplement dommage de devoir attendre plus d'une heure avant le premier combat et comme dans The Insider, les intrigues secondaires ralentissent malheureusement le rythme.



Les parties mélodramatiques sont en revanche beaucoup plus problématiques. Elles sont relativement dénuées d'humour et cèdent parfois à un pathos un peu pénible (les créanciers de Nick Cheung qui débarquent chez sa " famille ", la déchéance du père d'Eddie Peng) avec l'inévitable jeune femme à la dérive dotée d'un enfant en bas age. Tout cela semble au final très artificiel et peut rappeler un certain cinéma américain, de Christopher Nolan à David O'Russell, ou l'ajout de psychologie lourdaude vient parfois tirer vers le bas de bonnes intentions de départ. Et si la mise en scène est irréprochable lors des combats, elle abuse d'effets clipesques et de flashbacks plutôt laids le reste du temps. Enfin, certes The Sound of silence de Simon and Garfunkel est une chanson magnifique, mais l'entendre une demi-douzaine de fois à toutes les sauces est franchement insupportable, faisant presque passer l'usage de Gimme Shelter chez Scorsese pour " modéré ". Principale consolation : au moins la gamine (adorable Crystal Lee) est une fois n'est pas coutume un personnage attachant. Au final, Unbeatable est un film raté duquel émergent quelques bonnes choses. On attend avec impatience le retour de Dante Lam au niveau de son excellent The Triad Zone.

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