mercredi 26 février 2014

The Temple of the red lotus (Chui Chang Wang, 1965)





Little Wu (Jimmy Wang Yu) doit épouser Lianzhu (Chin Ping) qui vit dans un temple avec sa famille. A l'arrivée de Wu, la succession d'attaques provenant du clan du lotus rouge amène une méfiance entre Wu et sa future belle-famille, conduisant Lianzhu et Wu à partir ensemble à l'aventure pour éliminer le clan du lotus rouge, également responsables de la mort des parents de Wu.

Premier grand film d'arts martiaux pour la mythique Shaw Brothers et un jalon considérable dans l'histoire du wu xia pian ; il faut ici rappeler qu'à l'origine, les frères Shaw produisaient de l'opéra chinois et que ce Temple of the red lotus est le témoin d'une sorte de passation de pouvoir, avec une intrigue mêlant kung-fu et romance à l'eau de rose, vengeance et mélodrame. Ainsi, loin de ses futurs rôles de dur à cuire mono-expressif, Wang Yu incarne un jeune combattant naïf et inexpérimenté qui n'a de cesse de commettre des erreurs d'appréciation et de se faire surprendre par les fourberies des ennemis. Si a priori l'identification est favorisée par ce type d'approche, il faut admettre que le film franchit trop souvent la barrière entre naïveté et niaiserie et que l'afflux de bons sentiments plonge le second tiers dans un ventre mou plus que conséquent. Une fois leur amour révélé, Wang Yu et Ching Ping décident de partir mais doivent pour cela affronter les membres de la famille de Chin Ping un par un ; le déroulement est toujours le même (les amoureux perdent mais leur adversaire les laisse partir devant l'évidence de leur amour après avoir hésité à tuer Wang Yu) et autant ce type d'effets est acceptable une fois ou deux, autant il devient insupportable lorsqu'il est répété cinq fois de suite, surtout que l'on est impatient de les voir quitter le temple pour affronter des ennemis un peu plus effrayants. C'est d'autant plus dommage que sur une heure et demie, on ne verra ainsi nos héros affronter le temple du lotus rouge que lors des dix minutes de fin, le film se terminant par une fin ouverte un peu frustrante - il connaîtra d'ailleurs deux suites -.



Un autre défaut réside dans la prestation pénible de Wang Yu qui à force d'étonnement perpétuel et de surprise feinte rend son personnage un peu pénible ; il est en revanche entouré d'un superbe casting de comédiens de la Shaw Brothers (Tien Feng, Ivy Ling Po, Wu Ma, Ku Feng) desquels émerge notamment un déjà excellent Lo Lieh dont la prestation sauve la dernière épreuve des amoureux. On note aussi la présence des deux futurs chorégraphes de Chang Cheh : Tang Chia et Liu Chia-Liang ; il est toutefois difficile de déterminer qui est responsable des chorégraphies, ici plutôt médiocres et loin de ce que les deux montreront tant ensemble qu'en solo. Le film est globalement platement mis en scène et seul émerge un très beau combat final, par ailleurs annonciateur du wu xia pian selon Chang Cheh (qui travailla comme superviseur sur Temple of the red lotus) avec de beaux travellings latéraux et une prestation martiale de Wang Yu largement plus convaincante que ses moues. On est aussi un peu surpris par sa violence graphique, peut-être liée à l'influence japonaise et aux chambaras révoltés en vogue à l'époque. Néanmoins, il est dommage que contrairement à ce que saura très bien faire Chang Cheh, les combats ne soient pas chargés ici de l'intensité dramatique nécessaire ; on sauvera toutefois une très belle photographie et d'excellents décors qui n'ont rien à envier aux productions plus réputées de la Shaw.



Ainsi, The Temple of the red lotus, sans être un mauvais film, demeure un jalon historique essentiel mais légitimement écrasé par le poids de sa descendance beaucoup plus aboutie artistiquement, tant côté King Hu (L'Hirondelle d'or sorti un an plus tard) que Chang Cheh (Un seul bras les tua tous en 1967, avec encore une fois Jimmy Wang Yu). Il permet aussi a contrario de mesurer le talent de ces cinéastes tant l'écart entre le lyrisme de leurs mises en scène et l'académisme de celle de Chui Chang Wang apparaît flagrant. A noter qu'en dépit d'un titre similaire, Le Temple du lotus rouge signé par Ringo Lam en 1994, vraisemblablement inspiré de la même histoire, n'entretient pourtant aucun réel rapport avec la version 1965 et a d'ailleurs le célèbre Fong Sai-Yuk comme personnage principal.


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