samedi 22 février 2014

Last Seduction II (Terry Marcel, 1999)



Bridget (Joan Severance) est recherchée par le père de son amant, Mike, qui croupit en prison pour un meurtre qu'il n'a pas commis. Il engage Murphy (Beth Goddard), une détective privée, pour retrouver Bridget en Espagne ou celle-ci devient la maîtresse de Troy (Con O'Neill), un patron de bar également chef d'une entreprise de téléphone rose.

Il est toujours délicat de juger la suite d'un film à succès ; entre les deux écueils à éviter, la reprise trop appliquée d'éléments du film original et la trahison totale, demeure une zone grise dans laquelle le spectateur est apte à se prononcer sur l'intérêt de la séquelle. Ici, on est face à un film reprenant en apparence les éléments mis en place par Last Seduction (la femme fatale, les hommes idiots et manipulés) à ceci près qu'ils sont totalement vidés de leur sens initial. La Bridget campée par Linda Fiorentino tirait sa force à la fois de sa sécheresse, de son égoïsme absolu et de l'absence de psychologie venant expliquer sa cruauté. Celle de Joan Severance est une banale opportuniste sans grand intérêt qui coince un redoutable salaud (là ou Bill Pullman et Peter Berg étaient avant tout des victimes dans le premier opus) pour lequel le spectateur ne peut qu'éprouver une antipathie totale ; on le verra notamment frapper une femme enceinte à grands coups de poing dans la tête. Tout cela contribue en réalité à un très fort affadissement de l'histoire : en justifiant la cause et les actions de l'héroïne, en vidant celle-ci de tous les aspects sadiques et impitoyables qui la caractérisaient, Terry Marcel transforme un polar original en histoire de manipulation dans laquelle les protagonistes ont toutes les peines du monde à exister, y compris une Bridget dont le charme semble s'être évaporé en dépit des affolantes tenus portées par Joan Severance.



Deux idées auraient pu sauver ce Last Seduction II de l'ennui. La première consistait à transformer Bridget en une sorte de symbole de l'émancipation des femmes (Troy tyrannise ses employées) en leur offrant une revanche sur leur despotique patron. En contradiction totale avec le premier film, cette idée est de toute manière zappée par un scénario sans rigueur qui semble oublier la moitié de ses personnages en route (le caïd cocainé disparaît ainsi du récit n'importe comment, tandis qu'au bout de dix minutes les commanditaires de Murphy ne donnent plus signe de vie).
Plus captivant a priori, le fait d'opposer une autre femme usant de méthodes similaires à Bridget permettait de lui donner une adversaire beaucoup plus intéressante que la cohorte de bellâtres incapables de réflexion. Problèmes : d'une part, la confrontation se fait de manière unilatérale et Beth Goddard passe toute la fin du film à subir les manipulations de Bridget sans jamais sembler en mesure de l'inquiéter. D'autre part, la traque de Bridget par Murphy est d'un inintérêt à peu près total et donne lieu à des scènes pour le moins grotesques (Murohy qui casse le nez du caïd devant des sbires qui n'ont pas l'idée de bouger).



Bref, le scénario de ce Last Seduction II est très problématique, mais c'est peu dire qu'il n'est pas rattrapé par la mise en scène. Ultra-scolaire 95 % du temps, elle semble ne connaitre qu'un seul effet de style, le ralenti, dont les emplois sont ici d'une laideur rare en plus d'être racoleurs et inappropriés. Le film se traîne à vitesse d'escargot et la musique casse les oreilles, enfin si Joan Severance est à peu près convenable en copie carbone de Linda Fiorentino, Con O'Neill et Beth Goddard manquent énormément de présence. Le grand face-à-face dans la chambre d'hôtel est cruellement dénué de tension et le fait de chaperonner les deux femmes d'un sbire passif et ventripotent n'aide pas beaucoup à donner un sentiment de nervosité. Au final, cette séquelle ratée d'un très bon polar est une sorte de démonstration par l'absurde du talent tant de John Dahl que de Linda Fiorentino, en dépit d'une carrière très erratique de l'actrice et du réalisateur depuis. En l'état, un film parfaitement dispensable.

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