lundi 27 janvier 2014

Les collines de la terreur (Michael Winner, 1971)



Un métis, Chato (Charles Bronson) est provoqué par un shérif raciste que Chato abat. Une expédition de onze hommes se forme pour retrouver Chato qui s'enfuit dans le désert ; les chasseurs ignorent qu'ils deviendront vite les proies.

Il est drôle de constater qu'avant d'être célèbre grâce à la saga Un justicier dans la ville, Michael Winner inaugurait sa collaboration avec Charles Bronson par un western progressiste puisqu'il dénonçait à la fois le lynchage et le racisme, le héros n'ayant tué le shérif qu'en état de légitime défense. Mais comme beaucoup de films pro-indiens, il est en réalité plus manichéen que la majorité des westerns des années 40-50 : Chato est doté de toutes les qualités (mari aimant, homme peu belliqueux qui refuse de tuer avant d'y être contraint, solitaire en paix avec la nature) et on n'échappe pas aux stéréotypes sur les rednecks assoiffés de sang.

En réalité, la caractérisation de ses poursuivants est un peu plus subtile que ce qu'elle semble être a priori. Les onze lyncheurs se divisent en fait en trois " groupes " : les membres initiaux de l'expédition, menés par Jack Palance, sont assez faiblement caractérisés. Les trois frères Hooker en revanche sont des salauds complets, tandis que les trois dernières personnes à rejoindre l'expédition (un éleveur, son beau-frère et un mexicain) se révèlent quant à eux des gens plutôt sympathiques qui tenteront de s'opposer aux exactions des Hooker. De quoi fournir théoriquement un matériau plus ambigu, sauf que Winner n'aura de cesse de se tirer une balle dans le pied puisque les conflits entre groupes seront résolus de manière bâclée, donnant l'impression que le film est passé à côté d'un de ses sujets.



Le minimum pour un film de traque consiste dans le fait d'obliger le spectateur a ressentir le danger auquel s'expose la proie. Ici, on a le sentiment que Charles Bronson ne court aucun risque et pourrait éliminer la horde en dix minutes. Qui plus est, l'extrême stupidité du comportement des lyncheurs dépasse souvent l'acceptable : la moitié d'entre eux s’entretuent et au bout d'un moment, ils semblent tous oublier ce qu'ils étaient venus faire pour se massacrer alors qu'un tueur froid et silencieux campe cinquante mètres plus loin ! Thématiquement parlant, Winner est donc incapable de se montrer à la hauteur de ses ambitions, d'autant plus que des films contemporains comme Willie Boy (sur un héros indien) ou Pendez-les haut et court (sur la vengeance et le lynchage) s'avèrent en comparaison beaucoup plus captivants.

Si le film pèche par son scénario, la mise en scène est encore moins satisfaisante. Winner ne semble pas savoir comment filmer le désert et est incapable de donner le moindre relief à son histoire. La encore, la comparaison avec les films de Boetticher ou de Hellman fait très mal, d'autant plus qu'il faut attendre une heure (sur une heure quarante) avant que la traque ne commence réellement. En attendant, l'on suit la meute discutant, bivouaquant, discutant, bivouaquant... Le tout est entrecoupé de longs monologues de Jack Palance expliquant à ses hommes et aux spectateurs la puissance des apaches, leur intelligence, leur familiarité avec le désert de manière sentencieuse et répétitive.



Tout n'est pas à jeter dans Les collines de la terreur ; même si Charles Bronson est trop peu présent à l'écran, son magnétisme est toujours aussi évident. Les acteurs sont d'ailleurs globalement très bons, Jack Palance campe un officier sudiste tout à fait convaincant. Et les dernières minutes trouvent la tension qui manque le reste du temps, avec notamment un plan final absolument saisissant. Mais c'est beaucoup trop peu pour un film d'une heure quarante abusant des panoramiques et peinant à trouver un semblant de rythme. Quitte à réhabiliter Michael Winner, autant se tourner vers son bien plus abouti Le flingueur, polar singulier et intrigant, mais il serait temps de faire oeuvre de circonspection concernant certains films issus de la contre-culture américaine, dont le simplisme est parfois bien supérieur à celui des westerns classiques signés Ford ou Mann et injustement taxés de racisme. Reste la curiosité de voir le futur cinéaste de la majorité silencieuse épouser la cause indienne.

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