mardi 28 janvier 2014

Brutal tales of chivalry 2 (Kiyoshi Saeki, 1966)



Hanada (Ken Takakura) a cherché à protéger un jeune couple de la famille Sooda. En échange de leur liberté, il a du défier et tuer le chef du clan Sasaki. A sa sortie de prison, Hanada rencontre la veuve et le fils de Sasaki, persécutés par le clan Sooda qui cherche à s'approprier leurs carrières. Il décide de les protéger mais cache son identité à la veuve.

Deuxième film de la saga Brutal tales of chivalry, cet opus n'entretient aucune parenté narrative avec le premier. Ni les méchants ni le héros ne sont identiques, mais qu'importe : quel que soit le nom du personnage incarné par Ken Takakura, il reste un parangon de vertu, un exemple de yakuza courageux et chevaleresque. Toutefois, il n'est ici plus membre d'un clan mais simplement mû par son sentiment de devoir envers la famille Sasaki, avec l'habituel dilemme entre obligations et humanité.

Evidemment, nous sommes dans un ninkyo et les bons sentiments naïfs sont présents, parfois presque envahissants. La famille recomposée constituée par Hanada, la veuve et l'orphelin Sasaki est parfois lourdement exprimée ( " tu me rappelles mon papa " et autres " j'ai besoin d'un père vivant " ), avec l'évident et attendu parallélisme entre le besoin croissant qu'ont les Sasaki d'être protégés par Hanada et la culpabilité de plus en plus dévorante qui assaille celui-ci. Le film gagne en sécheresse sur la dernière partie puisqu'on retrouve encore une fois le charismatique Ryo Ikebe dans le rôle d'une sorte de double d'Hanaka : refoulant lui aussi ses regrets (il a abandonné son clan et se sent donc responsable de la mort de Sasaki), il en devient le meilleur allié et l'ennemi juré à la fois. C'est dans les confrontations entre Ikebe et Takakura que cet épisode est à son meilleur, car il parvient à trouver un certain suspens (nos héros vont-ils réussir à passer outre leurs différents pour se battre contres les Sooda ? ).



Un autre petit plus thématique par rapport au premier opus réside dans la personnalité du chef du clan Sooda, ancien employé des Sasaki déterminé à oublier ses années de labeur en devenant propriétaire, dans une critique du capitalisme exacerbé anticipant celle de Fukasaku. Il est dommage que les sbires de Sooda soient caractérisés de manière exagérément grotesque, d'autant plus que les seconds rôles cabotinent à plusieurs reprises et tranchent avec la brillante sobriété du duo Takakura/Ikebe. 

Concernant la mise en scène, Kiyoshi Saeki a légèrement progressé et le combat entre Hanada et Sasaki est tout à fait digne d'un chambara de bonne facture. En revanche, le final est gâché par la très mauvaise idée de le diviser en deux temps, ce qui le prive à la fois de tension et d'émotion. Or, il faut comprendre qu'un ninkyo se caractérise par une dramaturgie qui fait subir au personnage principal énormément de dilemmes, de conflits intérieurs et d'humiliations jusqu'à ce qu'il purifie sa rage dans une explosion de violence dévastatrice. Par conséquent, un final raté est doublement handicapant puisqu'il amène une frustration chez le spectateur de ne pas sentir le personnage se purger de toute cette colère accumulée. De façon similaire, si l'idée de faire se dérouler l'affrontement final se justifie thématiquement (le méchant Oyabun périra sur le lieu qu'il a voulu posséder à tout prix), elle le prive aussi du sentiment d'étouffement qui dynamise les habituels combats en intérieur. 



Si cet épisode s'avère très légèrement supérieur au premier, il souffre tout autant que celui-ci de la comparaison avec les grands yakuza eiga de Fukasaku ou Gosha. Mais encore une fois, le magnétisme des acteurs, le scénario et une mise en scène artisanale globalement correcte en font un petit plaisir doté d'un certain charme d'époque.

Le film est également connu sous son titre original : Shôwa zankyô-den: Karajishi botan 

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