mardi 13 janvier 2015

Lady Yakuza 8 : le code yakuza (Buichi Saito, 1972)



Oryu (Junko Fuji) rencontre Takahashi (Sugawara Bunta), un homme solitaire lié profondément à Iwaki (Hiroki Matsukata), lui-même en disgrâce auprès de son clan. Le clan est géré par madame Okata qui à son décès charge Iwaki de prendre la succession, à la grande colère de Matsukawa qui espérait que la mission lui serait confiée.

Ultime volet de la saga, cet épisode signé du réalisateur de Baby Cart IV : l'âme d'un père, le coeur d'un fils est bien moins convaincant que l'incursion de Saito dans l'univers de Kazuo Koike. Passer après deux épisodes signés Tai Kato est évidemment délicat, mais on attendait plus du cinéaste qu'une mise en scène plate dont la principale innovation réside dans la présence accrue de la musique. Celle-ci est d'ailleurs mal employée et vient gâcher la grande majorité des scènes durant lesquelles elle intervient ; visuellement, le film est plus convaincant tandis qu'encore une fois le scénario égraine tout ce qu'il faut de dilemmes, de mâles protecteurs, de mauvais clans et de rivalités fratricides, ici entre l'héritier supposé (Matsukawa) et l'héritier réel (Iwaki) de madame Okata, le premier ayant trimé des années pour constater amèrement la préférence de sa maitresse pour le second. A côté de ce duo assez archétypal, on retrouve l'excellent Sugawara Bunta en Takahashi, frère de sang d'Iwaki, tout un tas de méchants très méchants ainsi que la fille adultérine du mari de madame Okata. Les scènes entre Oryu et elle sont assez peu crédibles dans leur abus de bons sentiments (la gentille jeune fille qui comprend parfaitement que sa mère ait été répudiée !). Enfin, rajoutons un couple formé par un bon yakuza et la sœur d'un des méchants et on verra qu'en dépit de l'absence de Suzuki au scénario (remplacé par Koji Takada qui écrira les derniers films d'Hideo Gosha), l'on reste toujours en territoire connu.


Évidemment, il y a toujours le charisme des acteurs pour faire passer la pilule. Le casting est d'ailleurs très fukasakien puisque le duo Sugawara/Matsukata se retrouve dans plusieurs Combat sans code d'honneur ou dans Police contre syndicat du crime. On aurait pardonné beaucoup à Saito dans la mesure ou enfin, après six apparitions en sept épisodes ou son rôle de bouffon provoquait généralement la gêne, le metteur en scène à enfin donné à Tomisaburo Wakayama l'occasion de participer au combat final... Sauf que sa participation dans celui-ci se résume à tirer quelques coups de pistolet et à laisser à Sugawara et Fuji l'essentiel du travail ! Il s'agit d'un énorme gâchis tant sa crédibilité comme sabreur est largement supérieure à celle de Fuji. De même, le personnage d'Iwaki est trop éteint pour entrainer l'adhésion et on s'attache finalement plus à l'ultra-frustré Matsukawa. Encore une fois, cet épisode est loin d'être honteux (il est assez clairement supérieur aux numéros 4 et 5) mais n'apporte pas grand chose d'inédit, et rate le peu de choses potentiellement intéressantes. Scénaristiquement, on pourrait facilement le confondre avec n'importe quel autre volet ; formellement, Saito sait composer de beaux plans mais ne parvient jamais à donner un minimum de dynamisme à l'ensemble.
 

On quitte donc la saga sur une impression quelque peu mitigée ; celle-ci aura globalement valu ce que valaient ses réalisateurs. En dehors de la révélation Tai Kato, elle aura connu un artisanat consciencieux (Suzuki), maladroit (Saito, Yamashita) voir mauvais (Ogawa). La présence d'une héroïne ne lui donne jamais la dimension rageuse qu'avait la Meiko Kaji des Lady Snowblood ou des Sasori mais tend au contraire à renforcer le sentimentalisme propre aux ninkyo, dont la saga a les qualités (acteurs impliqués et moins cabotins que dans les films de yakuzas " réalistes ") et les défauts (histoires redondantes, aspect parfois larmoyant). Moins essentielle que d'autres sagas nippones donc, Lady Yakuza tout comme Brutal tales of chivalry mérite toutefois largement le coup d’œil de la part des amateurs les plus curieux de cinéma japonais.

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