Hercule (Alan Steel) défait une bande de pillards de la garde prétorienne aux ordres de Philippe l'Arabe (Daniele Vargas). Celui-ci assassine l'Empereur et convoite sa fille Ulpia (Wandisa Guida), mais Hercule ne tarde pas à voler à son secours tandis que l'armée de Trajan Dèce se prépare à affronter celle de l'usurpateur.
On trouve bon nombre de faux Hercule au sein de la production italienne, et notamment en se fiant aux versions anglaises qui ne connurent jamais les autres " bons géants " et renommèrent ainsi tout un tas d'aventures de Maciste, Samson ou Ursus. Si la France a également eu son lot de traductions approximatives, elle a généralement évité de mélanger tout le monde ; les faux Hercule les moins évidents sont au final des aventures de rebelles ou de gladiateurs (Hercule contre les mercenaires, Le magnifique gladiateur et donc cet Hercule contre Rome) où le héros est bel et bien nommé Hercule dans la version originale (parfois, c'est un titre qu'il usurpe) mais devient absolument déconnecté de toute la mythologique grecque. Ces trois films se passent d'ailleurs tous sous la Rome impériale et ont plus à voir thématiquement avec le Spartacus de Kubrick qu'avec l'image du demi-dieu renvoyée par Steve Reeves. Seule change l'époque (dans Hercule contre les mercenaires, on lutte contre l'infâme Caligula pour remettre Claude au pouvoir ; ici le méchant est Philippe l'Arabe et le gentil Trajan Dèce) mais la platitude des histoires ne peut que plonger le spectateur dans un profond ennui.
Le péplum italien connait deux subdivisions principales : les films historiques et les films mythologiques. Les premiers s'intéressent à des grandes figures antiques (Messaline, Cléopâtre, César...) tandis que les seconds voient généralement des surhommes fictifs évoluer dans des univers plus ou moins fantasmagoriques. Les Hercule " gladiateurs " font partie des très rares films à mi-chemin entre les deux tendances, puisqu'un héros mythologique s'en vient rétablir l'ordre bouleversé par des personnages réels ; on réalise très rapidement l'affreux contresens qu'est cette synthèse, puisqu'elle combine les pires éléments des deux genres. Elle aboutit à supprimer toute la complexité du péplum historique en réduisant les empereurs romains au rang de stéréotypes positifs ou négatifs qui n'admettent aucune nuance, tout comme elle évacue tout ce qui fait le charme d'un Hercule à la conquête de l'Atlantide ou même de Hercule contre les vampires en supprimant les décors baroques, les créatures inquiétantes, les apparitions de dieux et les exploits véritablement surhumains. Ne reste donc qu'un monsieur muscle rarement très futé qui joue les Conan du pauvre dans une antiquité de carton-pâte.
Hercule contre Rome n'est pas complètement nul (il y a un certain effort à la photographie, Alan Steel est meilleur que Kirk Morris ou Dan Vadis) mais n'apporte rien de nouveau au genre ; il n'est qu'un produit interchangeable incapable de créer une seule séquence qui puisse mériter le détour excepté peut-être un lancer d'enclume qui réjouira les amateurs de fêtes basques. Film après film, on constate que les décors se rétrécissent, que les jeunes vierges sont de moins en moins belles et que les méchants n'y croient pas plus que nous - à l'image des sbires moustachus qui passent tout le film à menacer des femmes ou des paysans pour mieux se faire dérouiller en dix secondes par Alan Steel -. On rejoindra aussi certains spécialistes sur le fait que présenter le massacreur de chrétiens Trajan Dèce comme un héros a quelque chose de savoureux étant donné l'habituel côté religieux et pudibond du péplum. Enfin, l'action est famélique mais au moins Hercule s'emploie à cogner du romain avec un nombre assez varié d'instruments : Steel donne des coups de masse, envoie des rochers, renverse des balistes, défonce une cohorte à coups de béliers et donne l'impression de s'amuser comme un fou. Cela fera toujours une personne.
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