vendredi 19 décembre 2014

Cinq hommes armés (Don Taylor et Italo Zingarelli, 1969)

Le Hollandais (Peter Graves) envoie le jeune Luis Dominguez (Nino Castlenuovo) recruter trois de ses anciens compagnons d'armes : Mesito (Bud Spencer), Augustus (James Daly) et Le Samouraï (Tetsuro Tamba). Le plan du Hollandais consiste à attaquer un convoi d'or à destination de l'armée mexicaine en vue d'aider les révolutionnaires.

Commençons par évoquer le délicat sujet de la paternité du film ; la plupart des génériques mentionnent Taylor, téléaste américain sans grand relief. La version italienne quant à elle fait du producteur Italo Zingarelli le metteur en scène, tandis qu'ici et là des rumeurs évoquent l'idée que le scénariste Dario Argento en soit également partiellement responsable. Dans tous les cas, la question n'a pas un intérêt conséquent tant la réalisation est plate et se contente du minimum syndical. Loin des excès dont le genre fut coutumier (en 1969, le western spaghetti est en pleine surenchère baroque) on ne verra qu'une violence timide, bien trop sage pour un film de commando. En dépit de tout ceci, Cinq hommes armés est très supérieur à Une raison pour vivre, une raison pour mourir dans le registre du sous-Douze salopards à l'italienne. Les personnages y sont plus intéressants (les cinq ont tous un minimum de relief là ou le film de Garrone n'avait que Coburn et Spencer comme figures un tant soit peu développées), l'action plus efficace et les acteurs globalement plus convaincants.



Certes, Peter Graves tout droit sorti de la série Mission Impossible semble s'ennuyer poliment du fait de reprendre exactement le même rôle (le grand planificateur de génie). Bud Spencer joue le rôle de brute comique qu'il reprendra ad nauseam dans les Trinita, dont le réalisateur Enzo Barboni est d'ailleurs le chef opérateur sur Cinq hommes armés (Italo Zingarelli sera quant à lui le producteur de nombreux Hill-Spencer). Mais Tetsuro Tamba parvient à imposer son charisme bien que son rôle soit totalement muet, James Daly effectue une bonne prestation et surtout Nino Castlenuovo, le psychopathe du Temps du massacre, s'en tire haut la main en jeune bandit qui finit par épouser la cause révolutionnaire. Il est toutefois dommageable que loin des réflexions intéressantes de Corbucci, Sollima ou Damiani sur l'engagement révolutionnaire, Cinq hommes armés se contente d'une apologie dénuée de nuance dans laquelle nos héros seront fêtés par un peuple conquis à la cause et ou l'opposition n'est représentée que par une armée de soldats aussi stupides qu'incompétents. Au-delà de la faiblesse du contenu politique, il y a également le fait qu'on ne ressent jamais de danger autour du commando tant il semble impossible que leurs adversaires se décident subitement à devenir efficaces.



Cinq hommes armés est symptomatique de la capacité du western spaghetti à s'abreuver d'autres genres et à mélanger des styles a priori incompatibles. En dépit de la réunion de talents opérée (Argento, Barboni qui bien que médiocre comme metteur en scène fut un excellent chef opérateur, Morricone qui signe une très belle bande-originale) la mayonnaise ne prend pas tout à fait et la longue séquence du train ne fera jamais oublier dix minutes du superbe Le Dernier train du Katanga de Jack Cardiff, par exemple. Le rythme n'est guère soutenu et la séquence ou le samouraï court après le train aurait méritée d'être largement écourtée. Parmi les séquences les plus réussies, on trouve le chœur de mexicaines chantant lorsque l'un des leurs s'apprête à être fusillé ; Cinq hommes armés est d'ailleurs l'un des rares westerns italiens ou les femmes sont filmées avec autant de dignité (elles sont peu présentes mais aux avant-postes de la révolution). On échappe également aux stéréotypes raciaux, le personnage de Tamba n'est jamais ridiculisé et au contraire, il est le seul à avoir droit à une amourette avec une révolutionnaire. Des petits détails comme ceux-ci font qu'on mentirai en cachant la sympathie qu'on éprouve pour ce Cinq hommes armés, divertissement du dimanche soir dénué de génie mais pas désagréable pour autant.

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