Après la mort de leur leader, les membres du clan Tsutamasa subissent les manigances de l'ambitieux Akutsu. Hidejiro (Ken Takakura), de retour de son service militaire, prend en charge le clan Tsutamasa et tente d'éviter le conflit avec l'aide de son ami Jukichi (Ryo Ikebe), homme de main d'Akutsu. Hidejiro est également amoureux de Fumiyo (Junko Fuji), la soeur de Jukichi.
Le remplacement de Saeki par Makino a t-il été en mesure de relancer une saga dont les épisodes commençaient à trop se ressembler ? Pas vraiment. Certes, on observe quelques aspects inédits : pour la première fois les personnages joués par Takakura et Ikebe sont des amis d'enfance et non des yakuzas sympathisant au service de leur clan. L'Oyabun de la famille Tsutamasa n'est pas assassiné par les méchants et le scénario signé Norifumi Suzuki se concentre légèrement plus que d'habitude sur les seconds rôles, notamment un romantique yakuza amoureux d'une geisha et son ami attardé mental filmé avec un surprenant respect exempt de cynisme (il sera d'ailleurs le seul admis aux cotés de Takakura et Ikebe lors du règlement de comptes final). Mais toutes ces variations ne sont que des micro-variations et à prendre le film dans sa globalité, il déroule tous les éléments vus et revus dans les trois premiers opus de Saeki. En plus de Takakura et Ikebe, Junko Fuji devient à son tour une présence régulière dans la saga avec un rôle de femme aimante et douce après un Brutal tales of chivalry 3 ou elle jouait déjà la sœur de Ryo Ikebe.
Faute de se trouver dans des nouveautés narratives trop minimes, la valeur ajoutée aurait pu résider dans la mise en scène du vétéran Makino. Hors action, il s'agit d'un artisanat correct sans génie qui n'est ni meilleur ni moins bon que celui du Saeki débarrassé de ses maladresses du premier volet. Lors du règlement de comptes final en revanche, Makino s'avère plus dynamique et formellement plus énergique que ne l'était Saeki, mais tout ceci est malheureusement gâché par l'aspect beaucoup trop court du combat en question. Dans la mesure ou les ninkyos résident souvent dans le fait de faire monter la pression durant une heure et quart avant de la relâcher lors du quart d'heure final, ici sa brièveté donne pour la première fois l'impression que Ken Takakura n'a pas tout à fait purgé sa rage et nous laisse sur notre faim en dépit de l'évident talent de cinéaste d'action de Makino.
Autre défaut plus subjectif : si les Brutal tales of chivalry abusaient souvent des bons sentiments, ceux-ci avaient le mérite de créer une réelle dramaturgie et de donner à l'histoire une forte tonalité tragique. Ici, en accentuant plutôt l'aspect pittoresque des personnages secondaires et en insistant moins sur les dilemmes psychologiques autour de Takakura et Ikebe, le script se tire une balle dans le pied car si le film est moins mièvre que les autres opus, il est aussi moins émouvant. La relation Takakura-Fuji en pâtit légèrement et on ne retrouve pas de moment de tension comparable à celui du duel entre nos deux valeureux yakuzas lors de l'épisode 3.
Alors, ratage que ce volet introductif de Makino, par ailleurs grand connaisseur du genre puisqu'il fut à l'origine des Nihon Kyokaku-den, l'une des trois sagas ayant fait de Ken Takakura une vedette au Japon - les autres étant Abashiri Prison et évidemment les Brutal tales of chivalry - ? Non, l'aspect négatif de cette chronique provient surtout du fait qu'un sentiment de routine correcte s'instaure petit à petit, laissant forcément un peu d'ennui s'installer. Tout en racontant sensiblement la même chose, les premiers opus voyaient Saeki prendre progressivement de l'aisance jusqu'à un épisode 3 en forme de synthèse des qualités du réalisateur. Ici, le changement ne permet pas d'explorer de nouveaux terrains narratifs ni d'apporter suffisamment de brio à la mise en scène pour passer outre le sentiment de légère déception, s'expliquant également par les très grandes similarités entre les épisodes.
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