samedi 6 septembre 2014

Return of the vampire (Lew Landers, 1944)


Le loup-garou Andreas (Matt Willis) prévient son maître Armand Tesla (Bela Lugosi) de l'arrivée d'intrus. Le professeur Saunders, assisté de la jeune Jane Ainsley (Frieda Inescort) tue Tesla et délivre Andreas du sortilège qui le tenait captif. Des années plus tard, Tesla revient à la vie et compte se venger de la famille de Saunders.

Ce drôle de film produit par la Columbia semble vouloir concurrencer le grand studio du film de monstres, la Universal, tout en reprenant une grande partie de leurs recettes. Ainsi, les dix premières minutes font penser à une version extrêmement accélérée du Dracula de Tod Browning ; le fait que le vampire soit ici renommé Armand Tesla pour d'évidentes raisons juridiques n'y change pas grand chose, d'autant plus que la présence de Bela Lugosi dans le rôle principal est de celles qui mettent en évidence cette paternité.

Return of the vampire sort quelques mois après Frankenstein contre le loup-garou, premier film de monstres de la Universal qui confrontait deux mythologies différentes avant qu'Erle C Kenton ne se décide à réunir toutes les créatures du bestiaire dans ses Maison de Franenstein et Maison de Dracula qui jouent d'avantage sur la rapidité et l'action que sur la profondeur des thèmes abordés. L'originalité de Return of the vampire, c'est que si Frankenstein contre le loup-garou créait une sorte d'horizontalité dans les rapports entre ses monstres (chacun avait ses forces et ses faiblesses), le film de Landers présente un loup-garou qui n'est que le subordonné du vampire, choix quelque peu étrange qui tord le cou aux habitudes du genre.



Si le vampire est l'un des meilleurs des années 40 - il suffit de se rappeler la prestation calamiteuse de l'effroyable Lon Chaney Jr dans Le Fils de Dracula de Robert Siodmak -, le loup-garou sort en revanche extrêmement affaibli de la confrontation ; il n'a pas été mordu mais n'est que le jouet du pouvoir hypnotique d'Armand Tesla, pouvoir rarement autant mis en évidence qu'ici. Ni pleine lune ni balle en argent, mais simplement un serviteur quelque peu interchangeable par ailleurs doté d'un maquillage franchement médiocre comparativement au travail de Jack Pierce pour la Universal. En revanche, Bela Lugosi plus sobre que d'habitude se taille la part du lion. Plus sobre que chez Browning, son jeu non dénué d'ironie est pour une fois privé de ses fréquents excès cabotins et son charisme naturel lui permet d'éclipser sans difficulté une distribution assez fade, ou des personnages conventionnels (un flic, une femme de science et une ingénue vampirisée) peinent à exister face à un simple plan sur le regard de Lugosi. A lui seul, il compense un scénario franchement simpliste ou les quelques idées novatrices (le vampire est réveillé par des bombes allemandes, et ce alors que le film fut tourné en pleine Seconde guerre mondiale) ne sont pas réellement exploitées.



Lew Landers, essentiellement connu pour son Corbeau adapté d'Edgar Poe dans lequel Lugosi et Karloff se partageaient l'affiche, est un metteur en scène doté d'un sens esthétique certain qui délivre parfois de très belles compositions telles que cette confrontation entre un Tesla sardonique et une Lady Ainsley impassible jouant du piano. Si cette beauté picturale est indéniablement l'un des points forts de Return of the vampire, il lui manque la profondeur, le sens du tragique des grands films de la Universal pour espérer rivaliser avec ceux-ci et Lew Landers échoue à produire autre chose qu'un Dracula " actualisé ". D'ou une véritable curiosité qui, tout en ne dépareillant pas qualitativement au milieu des autres films de monstres des années 40, démontre à l'instar de ceux-ci les difficultés connues par les studios pour renouveler leurs mythologies fantastiques, ce qui serait accompli avec brio par les anglais de la Hammer une bonne décennie plus tard.

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