mercredi 17 septembre 2014

Lady Yakuza 4 : l'Héritière (Shigehiro Ozawa, 1969)



On peut chercher quelques points de comparaison dans le registre " épisode à oublier d'une saga intéressante " : les Zatoichi signés Kimiyoshi Yasuda, les deux derniers Sasori ou encore le sixième Baby Cart. Les Sasori étaient avant tout coulés par leurs actrices lamentables qui tentaient laborieusement d'imiter Meiko Kaji tandis que le Baby Cart de Kuroda ne se remettait jamais d'un script en forme de sous-James Bond complètement idiot. Ici, à l'instar des ratages commis par le tâcheron Yasuda, le problème est avant tout une question de mise en scène. La série n'avait cesser d'aller crescendo sur ce point : d'abord l’artisanat convenu mais efficace de Kosaku Yamashita, puis celui un poil plus recherché de Noribumi Suzuki et enfin le vrai talent formalisme de Tai Kato. Ici, rien ne semble aller : le découpage est fait en dépit du bon sens, l'action est anémique et même les cadrages n'ont pas de sens. La mort dans son lit de l'oncle d'Oryu est filmée en diagonale, procédé qui peut avoir son intérêt dans une scène d'action mais certainement pas dans un plan fixe " serein " ou il ne fait écho à aucune thématique et n’apparaît que comme étant une scorie formelle.



Le montage donne l'impression d'être toujours en avance ou en retard mais ne parvient jamais à créer l'ombre d'une tension dramatique. Et lorsqu'Ozawa tente quelque chose d'original (le combat de fin à cinq contre cinq, même si on devine tout de suite que les méchants seront en réalité dix fois plus, mais que l'arrivée de Ken Takakura compensera à elle seule ce fâcheux déséquilibre), son absence de rigueur plombe la séquence. Mais il serait mensonger de faire du réalisateur l'unique responsable du fiasco : si le scénario de Suzuki nous épargne enfin Kumatora, qui n'avait été supportable que dans le troisième épisode, on n'aura pas moins de trois groupes de personnages " comiques " (un député libidineux, un mythomane qui prétend qu'Oryu est amoureuse de lui et des sbires également libidineux) qui chacun de leur côté dépassent en lourdeur les risibles apparitions de Tomisaburo Wakayama. Même le personnage de Fujimatsu, l'un des plus sympathiques de la saga, est totalement sous-utilisé tandis que celui de Ken Takakura (anciennement mort dans le premier épisode et repenti dans le troisième, ici il est les deux à la fois) sort d'un chapeau au point que l'habituelle romance entre Oryu et lui a été oubliée en route ici : il faut dire qu'une idylle entre l'héroine et un personnage apparaissant cinq minutes aurait semblé louche.



Ici et là surnagent quelques éléments, comme pour adoucir le bilan global. L'intrigue autour des bateliers n'est guère originale mais la conviction des acteurs emporte le morceau. Junko Fuji met toujours la même conviction à jouer les héroïnes sans défaut, capables de résoudre plus de problèmes en un épisode que l'Instit durant une saison entière. La galerie de personnages de Suzuki permet de toujours se raccrocher à au moins l'un d'entre eux (ici, le tricheur Hanji, personnage le plus nuancé au milieu d'un conflit manichéen). Mais ces éléments sont d'avantage liés à la série en générale qu'à cet épisode précis, qui sur aucun plan n'est meilleur ou même équivalent aux trois premiers opus. D'ou un sentiment de grosse frustration, tempéré par le fait que ce sera heureusement la seule incursion du réalisateur dans la saga.
A noter que comparativement au film le plus célèbre d'Ozawa, Return of the streetfighter, ce mauvais ninkyo apparaît comme un véritable chef d'oeuvre kurosawaien.

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