jeudi 19 février 2015

Sentence de mort (Mario Lanfranchi, 1968)

 
Cash (Robin Clarke) se lance à la poursuite des quatre assassins de son frère : Diaz (Richard Conte), un tueur devenu propriétaire d'un ranch, Montero (Enrico Maria Serno), un joueur de poker, frère Baldwin (Adolfo Celi), un religieux à la tête d'une horde de fanatiques, et O'Hara (Tomás Milián), un albinos fou furieux.

En dépit de la critique élogieuse faite par Jean-François Giré, on se rangera une fois n'est pas coutume du côté de Laurence Staig et Tony Williams qui considèrent Sentence de mort comme un film médiocre. Celui-ci se compose de quatre parties pratiquement autonomes, simplement reliées par la vengeance de Cash sans qu'aucune transition réelle ne soit effectuée. D’où un sentiment de grande maladresse dans le montage, car si on comprend bien que Lanfranchi - ancien réalisateur d'opéra - a tenté d'expérimenter sur ce plan afin de sortir Sentence de mort de son cadre un peu étriqué qu'est celui du western vengeur, il n'y a jamais de réelle cohérence dans l'emploi de faux raccords, de projet venant à justifier leur utilité. Deux personnages discutent puis subitement, l'un d'eux agonise une rue plus loin ; la poursuite dans le désert devient ainsi totalement incompréhensible et on se demande fréquemment si il ne s'agit pas une copie horriblement mutilée tant l'on semble parfois faire face à un demi-film, le tout culminant lors de la scène de torture par les fanatiques religieux dont notre héros se relève totalement fringuant, abat le prêtre sans difficulté et se retrouve téléporté à la poursuite de sa victime suivante avant que le spectateur ait eu le temps de souffler.


Tout le monde s'accordera à juger la prestation de Robin Clarke extrêmement faible ; le réalisateur semble s'intéresser d'avantage au quatuor de bandits qu'à son héros falot dont les motivations sont par ailleurs vues et revues. Chacun des quatre segments adopte un ton, une esthétique différente. La première est une traque dans le désert qui renvoie à Tuco torturant Blondin dans Le bon, la brute et le truand. La seconde nous dévoile une partie de poker durant laquelle le héros ruine impitoyablement son adversaire (Et pour quelques dollars de plus ? ) ; la troisième semble un peu plus originale avec ses fanatiques vêtus de noir comme dans Tire encore si tu peux tandis que le climat fantasmagorique de la dernière convoque les films d'Antonio Margheriti.
Les deux premiers chapitres représentent un tunnel d'ennui tant ces scènes sont classiques et ont été par le passé présentées de manière bien plus convaincante. L'amusante prestation d'Adolfo Celi rend la suivante légèrement distrayante mais sa conclusion en dépit du bon sens vient ternir la (très relative) bonne impression laissée. Reste donc le combat entre O'Hara et Cash, où un réel travail esthétique et surtout le cabotinage éhonté de Tomás Milián viennent retenir l'attention. Dans son rôle d'albinos obsédé par les femmes blondes et par l'or, l'acteur effectue un grand numéro d'hystérie qui n'a guère de rival que celui de Klaus Kinski dans Priez les morts, tuez les vivants ; et faute de représenter un quelconque aboutissement cinématographique, cette séquence a pour elle d'être la seule réellement mémorable de tout le film.


On passera rapidement sur l'atroce bande-originale jazzy de Gianni Ferrio, qui vient nous rappeler que le charme de bien des westerns transalpins provenait en partie des scores de Morricone ou Bacalov. On peut également déplorer que les motifs de la vengeance soient présentés par un flashback au bout d'à peine dix minutes, là où Le Grand duel ou La Mort était au rendez-vous égrenaient des indices au fur et à mesure jusqu'à une résolution finale représentant un climax véritablement efficace. Sentence de mort est un très mauvais western spaghetti dont la bonne réputation nous apparait difficilement compréhensible tant l'exercice de style semble prendre le pas sur la dramaturgie et l'efficacité. Dix minutes d'un acteur génial en roue libre ne sauraient dès lors sauver du naufrage une entreprise aussi vaine que prétentieuse.

1 commentaire:

  1. Je découvre tardivement ta critique.
    Qu'importe !
    Je suis 100% d'accord avec toi.
    Je ne comprend pas comme pareille daube parvient à susciter autant d'enthousiasme auprès des amateurs du genre (dont je fais partie) ?

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