Ma mémoire vieillit avec moi aussi j'écris sur des films que je m'en voudrais d'oublier.
dimanche 22 février 2015
Le Géant de la vallée des rois (Carlo Campogalliani, 1960)
L’Égypte antique est dominée par les perses. Le pharaon est assassiné par sa femme Smedes (Chelo Alonso) qui épouse ensuite son beau-fils pour le maintenir sous sa coupe. Un convoi perse est attaqué par Maciste (Mark Forest) qui libère les esclaves ; Maciste devient alors l’emblème de la lutte contre la nouvelle reine.
Première aventure parlante de Maciste - un temps connu en France sous le nom du " Géant " - réalisée par le vétéran Carlo Campogalliani âgé à l'époque de 75 ans ! Cependant, le cinéaste connaissait son sujet puisqu'il avait déjà réalisé des Maciste du temps du cinéma muet, d’où un film en forme de résurrection d'un mythe abandonné. Comme une autre production ayant initié toute une vague d'aventures en sandales - Les Travaux d'Hercule -, Le Géant de la vallée des rois est écrit par le scénariste Ennio de Concini ici moins inspiré. L'histoire se révèle simple pour ne pas dire simpliste (des méchants perses, une reine encore plus méchante, des égyptiens révoltés qui trouveront avec Maciste un héros capable de les défendre) et les dialogues d'une solennité plombante. Le film a pour lui deux bons points : une certaine cruauté graphique notamment les tortures lors de l'introduction, et un rythme relativement tenu dans la mesure ou les moments herculéens de notre nouvel héros se font plutôt réguliers : Maciste tue un lion à mains nues, sauve un chantier en perdition, libère un convoi d'esclaves, affronte des crocodiles... Si comme Les Travaux d'Hercule il est doté d'une certaine rigueur dont ses successeurs ne pourront pas tous se prévaloir, son classicisme et son manque d'excès le met directement en concurrence - défavorable - avec les productions américaines, et Le Géant de la vallée des rois rappelle parfois ces westerns spaghettis encore soumis à la tutelle hollywoodienne, pas forcément mauvais mais rarement marquants.
La principale différence entre Maciste et Hercule réside dans leur origine sociale : Hercule est un demi-dieu tandis que Maciste est systématiquement présenté comme issu de la classe populaire. Cela n'a généralement qu'une importance limitée puisque l'un comme l'autre sont dotés d'une puissance physique sans égal et qu'ils luttent de la même manière contre l'oppression ; on remarque en revanche que si Hercule était au moins à ses débuts plutôt limité au cadre gréco-romain, Maciste - égyptien ici - aura quant à lui dès le départ cumulé les actions dans des pays exotiques. L'interprétation de Mark Forest en Maciste est plutôt décevante dans la mesure ou celui-ci avait été dans La Vengeance d'Hercule l'un des plus convaincants interprètes du surhomme avec Steeve Reeves ; privé des tourments intérieurs et du conflit familial dont l'avait affublé Cottafavi, l'acteur semble ici beaucoup plus interchangeable. En revanche, la superbe Chelo Alonso est une des meilleures " reines cruelles " avec Gianna Maria Canale et sauve les moments de tête-à-tête avec notre empoté Maciste par son charme.
Il est étonnant de constater qu'en dépit de sa longue expérience cinématographique, Carlo Campogalliani ne convainc pas vraiment comme metteur en scène. Le montage de l'attaque du lion par exemple est totalement raté : on passe d'un plan sur le félin menaçant à un autre sur Hercule étranglant l'animal. Certaines idées sadiques comme le char équipé de lames envoyé au milieu d'esclaves aux yeux bandés sont filmés depuis une bien trop grande distance pour que l'effet soit réellement percutant. L'assistant " comique " de Maciste est assez pénible mais on a connu bien pire dans ce registre, les autres étant encore une fois vus et revus (la jeune esclave aux yeux enamourés dès qu'elle aperçoit Mark Forest, le jeune prince ami de Maciste manipulé par Chelo Alonso). Le Géant de la vallée des rois n'est guère mémorable mais fait figure de merveille lorsque l'on repense aux derniers Hercule.
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