Ma mémoire vieillit avec moi aussi j'écris sur des films que je m'en voudrais d'oublier.
mardi 24 février 2015
Angel Terminators 2 (Wong Chun-Yeung, 1993)
Sibelle (Sibelle Hu) et son ami Bao (Jason Pai) forment un redoutable tandem de policiers. La fille de Bao, Bullet (Yukari Oshima) sort de prison mais refuse de parler à son père, préférant rejoindre ses amis parmi lesquels Chitty (Moon Lee). Le petit groupe vole les bijoux du redoutable Mad qui décide se se venger impitoyablement.
Commençons par quelques mots à propos du réalisateur Wong Chun-Yeung : il semblerait que celui-ci ne soit autre que le cinéaste Tony Liu qui travailla notamment pour la Shaw Brothers. Son nombre conséquent d'alias rend sa filmographie légèrement nébuleuse, mais ses girls with guns sont parmi les plus réputés au point que certains spécialistes le surnomment le Kubrick du genre (l'un de ses pseudos fut d'ailleurs Kubrick Wong ! ). Au vu d'Angel Terminators 2, ce surnom est évidemment immérité et on rapprocherait plus Wong d'un metteur en scène comme Jack Hill, qui avait su au sein d'univers codifiés comme celui de la blaxploitation (Coffy) ou du film de gangs (Switchblade Sisters) donner des films bien plus regardables que la moyenne. Évidemment, le fait de réunir les trois grandes cogneuses de bonhommes qu'étaient Sibelle Hu, Yukari Oshima et Moon Lee pourrait à lui seul justifier le coup d’œil, d'autant plus que leurs aptitudes martiales sont très bien mises en valeur.
On trouvera sensiblement autant de motifs de satisfaction en ce qui concerne le rythme que de raisons de se lamenter contre le scénario, beaucoup trop évident avec son conflit familial attendu, ses personnages masculins maladroits et ses méchants très très méchants (on croyait échapper aux habituels gweilos patibulaires mais les fourbes débarqueront à dix minutes de la fin pour complexifier la tache des héroïnes) ; la caractérisation générale des protagonistes est plus schématique que celle d'Angel Terminators et une partie des seconds rôles (l'oncle de Moon Lee, son compagnon Turkey, le méchant joué par Karel Wong) n'échappe pas à un cabotinage qui reste toutefois supportable. Faute donc de bénéficier d'une écriture un tant soit peu conséquente, Angel Terminators 2 offre largement la dose d'action requise. A peine le film a t-il commencé qu'on y voit Sibelle Hu et Jason Pai se jeter sans hésitation au milieu d'une prise d'otages. On découvrira vite que le commanditaire des gangsters est également un proxénète qui s'attaquera à une amie de Yukari Oshima et de Moon Lee, entrainant le binôme à affronter sbires après sbires jusqu'à une explosion rageuse de Yukari qui foncera sur lui armée d'une machette. Les dix dernières minutes déchainées font forte impression avec un corps à corps rageur entre Moon Lee et Sophia Crawford ou le mitraillage de Sibelle Hu habillée comme Chow Yun-fat chez John Woo tandis que le dernier plan, très punk, conclue idéalement le film.
Sur le plan martial, on n'atteint pas tout à fait le niveau d'un Tiger Cage 2 mais il y a tout ce qu'il faut en terme de diversité, de saltos improbables et de lancers de cocktails molotov pour faire illusion. On trouvera également quelques moments de creux épisodiques (les dix minutes entre la charge de Yukari et le combat final, le milieu du film où la situation semble stagner) mais ceux-ci sont plus rares que dans la majorité des girls with guns. Quant aux inévitables synthétiseurs, à la photo peu travaillée ou à l'humour quelque peu lourdaud, les amateurs des polars de l'ex-colonie savent certainement à quoi s'attendre, Angel Terminators 2 ayant au moins pour lui un montage efficace des scènes d'action. En ce qui concerne les actrices, c'est certainement Sibelle Hu qui parait ici la plus convaincante, Yukari Oshima abusant des moues boudeuses et Moon Lee pâtissant d'un personnage plus faible que ceux de ses consœurs. Un plaisir coupable donc, légèrement supérieur au premier volet avec lequel il n'entretient aucune réelle parenté narrative ; Angel Terminators 2 n'est pas le plus marquant des polars sortis à l'époque mais il a pour lui son efficacité et sa modestie artisanale.
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