mercredi 27 août 2014

Priez les morts, tuez les vivants (Giuseppe Vari, 1971)



John Webb (Paolo Casella) se fait engager comme guide par les sbires du redoutable Hogan (Klaus Kinski). Il semble être le seul à pouvoir mener la bande au Mexique, bande qui s'est approprié un important butin. Hogan s'arrête dans une auberge mais fait face à la suspicion de certains de ses hommes, qui ne voient pas non plus d'un bon œil l'arrivée de Webb. 

Énième preuve du fait que bien des œuvres sans intérêt se cachent parmi les films favoris de Quentin Tarantino, Priez les morts, tuez les vivants ne mérite certainement pas d'accompagner Le Grand Silence, Django ou Colorado à l'intérieur d'une liste de fleurons du genre. Même parmi des productions souvent fauchées, celle de Vari se distingue par l'extrême pauvreté de ses décors, par le je-m'en-foutisme de la mise en scène et par l'incohérence du montage signé du réalisateur lui-même. Il y a deux parties distinctes, la première est un huit-clos dans une auberge ou le héros, le personnel de l'auberge, quelques voyageurs pris en otages et une demi-douzaine de truands se font face ; la seconde voit, après la disparition d'une bonne partie de la distribution, les survivants traverser le désert.



Les avis exprimés ici et là fluctuent et il y a sensiblement autant de personnes préférant la première partie que la seconde. On tranchera en les déclarant aussi mauvaises l'une que l'autre : le huit-clos est victime d'une écriture en-dessous de tout tandis que le malheureux désert, sublimé par Budd Boetticher ou Monte Hellman, se révèle plat et morne sous la caméra de Giuseppe Vari. Celui-ci n'a de cesse de saborder ses propres enjeux d'une manière outrageusement stupide. Ainsi, on verra deux bandits se disputer, se battre à coups de poings car " il ne faudrait pas avertir les soldats qui stationnent dix mètres plus loin " (jusqu'ici tout va bien), puis finalement s’entretuer à grands coups de revolver sans que les soldats ne réagissent ! On assiste même à la disparition de l'histoire d'un personnage sans la moindre explication (la brutalité de certaines transitions laisse pratiquement imaginer qu'il manque des scènes) et on admirera l'extrême intelligence du méchant qui lorsque le héros lui annonce qu'il y a un traître au sein de sa bande décide simplement d'éliminer toute sa bande (mais pas le héros bien sur).




Si le film comporte une bonne dizaine de personnages, il n'y en a que deux qui retiennent un tant soit peu l'attention. Paolo Casella est un héros droit, courageux et insipide qui n'a même pas pour lui ce côté joyeusement anarchique qui font aimer un Franco Nero ou un Giuliano Gemma. Il semble presque étranger à l'histoire, laissant Hogan faire ce qu'il veut sans manifester un tant soit peu d'inquiétude ou de gêne. Klaus Kinski, sans doute sous l'emprise de substances dont nous nous garderons bien de faire l'apologie, cabotine dans tous les sens, crie, tire dans le tas, laisse des femmes mourir étouffées dans le sable en leur laissant le souvenir d'un rictus hilare. Difficile de juger si la prestation de l'acteur est réellement convaincante tant il semble avoir été laissé à lui même mais son joyeux pétage de plombs retient bien plus l'attention que les mornes péripéties dont le réalisateur nous gratifie ; il faut bien dire qu'un Kinski " expressif " fait souvent basculer les films dans lesquels il apparaît vers une autre dimension.

En résumé, Priez les morts, tuez les vivants peut être vu comme un hybride bâtard entre deux parties peinant déjà à fonctionner par elles-mêmes, et ou l'abondance de clichés visuels (cadrages faits en dépit du bon sens, zooms brutaux) ne parvient jamais à masquer l'idiotie de l'histoire, le caractère excessivement stéréotypé des personnages et l'incohérence de leurs interactions. Pour une fois, on laissera de côté ce western de série dénué d'idées comme de rythme.
Vigoureusement déconseillé, sauf si vous êtes comme l'auteur de ces lignes un fan absolu de Klaus Kinski auquel cas le surjeu démesuré de l'acteur devrait parvenir à vous combler. Un peu.

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