dimanche 3 août 2014

Hercule contre les mercenaires (Umberto Lenzi, 1964)



Un guerrier celte, Hercule (Richard Harrison) est capturé lors d'un affrontement contre les troupes de l'empereur romain Caligula (Charles Borromel), sadique et cruel. Hercule devient gladiateur malgré lui tandis que le despotisme de Caligula conduit Messaline (Lisa Gastoni) à comploter contre lui. Toutefois, les conjurés ne tardent pas à s’entre-déchirer...

Parmi la batterie de films consacrés aux héros mythologiques, un petit nombre vient faire d'Hercule (ou Samson, le nom du héros n'ayant encore une fois aucune importance) un gladiateur plutôt qu'un fils de Dieu ou un roi puissant. La trame générale pourrait presque avoir inspiré Conan le barbare tellement la première demi-heure y fait penser (extermination des celtes, capture d'Hercule, jeux du cirque dans lesquels il divertir l'empereur en affrontant de nombreux ennemis) avec au lieu du lyrisme de Milius la platitude coutumière d'Umberto Lenzi, cinéaste dont la petite réputation chez les amateurs de cinéma bis demeure pour nous un mystère. Toutefois, ce petit péplum se regarde finalement avec plus d'indulgence que les futurs polars sécuritaires dans lequel Lenzi fera tourner l'insipide Maurizio Merli ; l'action, tout en accusant d'évidentes restrictions budgétaires, est suffisamment présente tandis que la photo demeure encore digne de ce nom. On aurait presque pu y voir un film passable si le premier rôle n'était pas tenu par Richard Harrison, l'un des rares culturistes qui parviendra à passer du péplum au western (pour mieux saborder les quelques films intéressants dont il fut la vedette, notamment Avec Django la mort est là d'Antonio Margheriti plombé par son manque de charisme). Si l'inexpressivité d'Harrison est moins problématique au sein d'un genre qui n'a que rarement brillé par son interprétation, les quelques scènes dramatiques deviennent difficiles à supporter lorsque l'acteur nous gratifie de ses plus beaux regards dans le vide. Visiblement peu émulés par cette concurrence, Lisa Gastoni en Messaline, Charles Borromel en Caligula et surtout Marilù Tolo en Ena rivalisent de fadeur pour ne pas trop éclipser le personnage-titre.



Hercule contre les mercenaires ne s'inscrit pas, à l'inverse de la quasi-totalité des films de la série Hercule, dans une trame mythologique mais historique. On y croise Messaline, Caligula et Claude qui entraînent notre héros dans un confit politique, mais le contexte a priori intéressant est plutôt maltraité, moins du point de vue de l'histoire (on a connu des péplums biens plus fantaisistes sur ce point) que de la narration. Faire disparaître Caligula a mi-film évacue la seule figure envers laquelle la lutte d'Hercule semble un tant soit peu personnelle ; on en vient rapidement à se demander pourquoi Messaline ne se contente pas de faire relâcher Hercule et sa maîtresse dès l'assassinat de l'empereur fou, et l'absence de conscience politique d'Hercule rend son implication assez floue : il est ballotté d’événements en complots dont la portée ne parait jamais lui venir à l'esprit. Dans la mesure ou ses exploits ne sont guère impressionnants, le Hercule campé par Harrison n'attire ni l'intérêt ni la sympathie et les scènes avec la perverse Messaline, pourtant vues et revues (les reines égocentriques sont très présentes dans la saga) restent plus intéressantes que les combats, en dépit du fait qu'Harrison soit plus souple et plus agréable à regarder que la plupart de ses condisciples.



Ferroni ou Caiano avaient apporté avec eux un imaginaire fantasmagorique qui fait totalement défaut à Lenzi, cinéaste opportuniste qui comme souvent se contente de décalquer les formules déjà connues. Hercule et les mercenaires n'est pas navrant, l'absence de monstres caoutchouteux ou d'effets spéciaux dépassés fait qu'il a convenablement passé l'épreuve du vieillissement, mais c'est un film qui jamais ne semble vouloir prendre le moindre risque et dont l'apport au genre se révèle par conséquent à peu près nul. Alors que bien des films de fin de série plongent avec bonheur dans le n'importe quoi délirant (on détaillera peut-être un jour les absurdités sorties par la Hammer ou la Shaw Brothers sur le déclin), l'académisme de Lenzi ne peut que laisser le spectateur sur sa faim.

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