mardi 10 mars 2015

Larry le dingue, Mary la garce (John Hough, 1974)




Un pilote, Larry (Peter Fonda) et son mécanicien Deke (Adam Roarke) dérobent la recette d'un supermarché après avoir pris en otage la femme et la fille du gérant. Alors que la police les recherche, ils sont rejoins dans leur escapade par Mary (Susan George), la conquête d'un soir de Larry. Le capitaine Franklin (Vic Morrow) dirige la chasse.

Quelque part entre le road movie à la Easy Rider et la course-poursuite à la Point Limite Zéro, Larry le dingue, Mary la garce est un drôle de film réalisé par un ancien cinéaste de la Hammer à qui l'on doit entre autres Les Sévices de Dracula. L'aspect libertaire est ici moins présent et si tous les personnages sont en conflit avec l'ordre établi (Mary a fait de la prison, Larry et Deke sont des petits truands et même le shérif Franklin déteste sa hiérarchie, Larry le décrit d'ailleurs comme un type fou, enfin encore plus fou moi) il ne semble pas y avoir de réelle intention politique, seulement un film d'action avec des têtes brulées. Plus que les personnages-titre, c'est d'ailleurs le mécanicien Deke qui semble avoir la sympathie du réalisateur, le couple principal étant quant à lui composé d'une excitée simplement là pour tromper l'ennui et d'un sale type égocentrique et menteur. Il n'y a pas de portée sociale, pas de critique d'un système ; seulement des pourchassés qui cherchent à dépasser les limites ainsi que des poursuivants très contents de pouvoir s'amuser eux aussi, ce qui fait que si le film est bien meilleur qu'une Route de la violence par exemple, il est aussi légèrement moins attachant car plus limité sur le plan émotionnel. Ceci dit, cette légèreté a également le mérite de débarrasser le film du discours pesant de certaines œuvres de la contre-culture et son absence de prétention thématique lui permet de se concentrer pleinement sur le spectacle.


Le scénario est plutôt inepte et tant les motivations des personnages que leurs relations sont rapidement reléguées au second plan. Deux choses semblent intéresser John Hough : réaliser un portrait de couple aux rapports dysfonctionnels et hystériques, et enchainer le maximum de poursuites en voiture. Concernant le premier point, ce n'est qu'à moitié réussi : si dans un premier temps les engueulades conjugales sont rafraichissantes (c'est bien simple, ils ne sont jamais d'accord sur rien si ce n'est sur le fait de se crier dessus), elles finissent par tourner en rond tant aucun des deux ne semble évoluer au fur et à mesure du film. En revanche, les poursuites sont nombreuses et saisissantes. Le running-gag du policier redneck qui finit systématiquement dans le décor fonctionne et la fin nous gratifie d'une sensationnelle course entre une voiture et un hélicoptère. C'est lorsqu'il anticipe le jeu vidéo en multipliant la tôle froissée que Larry le dingue, Mary la garce est à son meilleur d'autant plus que Hough cadre et monte ces scènes avec brio. Le jeu du chat et de la souris est plus malin qu'il n'y parait (le shérif sait que les héros ont une radio branchée sur la fréquence de la police et finit par déclamer absolument n'importe quoi afin de les faire paniquer) et s'achève par une fin surprenante de par son pessimisme, tranchant quelque peu avec celles plus métaphoriques des films cités ci-dessus.


En plus des qualités abordées précédemment, il faut noter des acteurs qui brillent moins par un jeu digne de l'Actors Studio que par leur capacité à imposer une présence, une crédibilité, un charisme. Le trio Peter Fonda/Susan George/Adam Roarke fonctionne à merveille et Vic Morrow n'a rien à leur envier en shérif plouc ; par leur talent, ils parviennent facilement à nous attacher à des figures qui ne sont ni très originales ni très reluisantes. Ainsi Larry le dingue, Mary la garce apparait comme une semi-réussite à la fois en phase et décalée avec son époque, ratant l'un des aspects les plus emblématiques du road movie (le traitement des personnage et la manière dont leur voyage les change) tout en réussissant pleinement son pari de gros divertissement motorisé. Ici, on n'a pas boudé notre plaisir au point de l'apprécier pratiquement autant que son lointain descendant, le Boulevard de la mort de Quentin Tarantino.

2 commentaires:

  1. Une petite faute: "on n'a pas bourdé notre plaisir".

    Et je suppose que y a pas de DVD fr, n'est ce pas?

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  2. Merci ; non aucun DVD fr à ma connaissance, les films de bagnole sont loin d'être le genre le mieux représenté dans nos contrées.

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