lundi 30 juin 2014

Mirage (Tsui Siu-ming, 1987)


Tong (Yu Rong Guang), un photographe, accompagne des marchands dans le désert entre la Russie et la Chine lorsque ceux-ci sont attaqués par des bandits russes chassés par la révolution d'octobre. Après le combat, Tong est victime d'un mirage dans lequel il aperçoit une très belle jeune femme qu'il prend en photo. Il décide de partir à sa recherche, accompagné de son ami Mao (Tsui Sui-ming).

Moins connu que Magnificent Warriors avec Michelle Yeoh, Mirage est comme celui-ci un des sous-Indiana Jones produits par un cinéma hongkongais encore dans ses grandes années. Mais là ou Magnificent Warriors n'était qu'un sous-produit plutôt sympathique, Mirage est au contraire le film de tous les excès, celui ou l'acteur-réalisateur Tsui Siu-ming s'est complètement lâché pour offrir au spectateur un feu d'artifice de divertissement qui donne totalement raison au critique Olivier Assayas lorsqu'il fit le lien entre le cinéma de Hong-kong et le muet. Au programme : deux héros chevaleresques, un plutôt beau gosse et un rondouillard comique (mais auquel le scénario réserve plusieurs des cascades les plus impressionnantes), une demoiselle qui aime l'un mais est aimée de l'autre, et de l'autre côté de la barrière une princesse au cœur de pierre secondée par une horde de sbires. Alors non, Mirage ne s'inscrit pas aux panthéons des œuvres portant l'influence de Tarkovski ou Dreyer mais il possède une chose qui fait défaut a tant de divertissements de seconde zone : un rythme. C'est bien simple, ça ne s'arrête jamais. Les personnages sont posés à toute vitesse et les combats, les évasions, les explosions, les duels et les poursuites se succèdent à une allure si effrénée qu'un moment anthologique surgit parfois avant qu'on ait pu digérer le précédent. En réalité, Mirage possède quelques scènes plus calmes qui nuancent l'aspect " 100 % action " mais il n'en demeure pas moins que le montage y est extrêmement rapide.



Le cinéma de Hong-kong a souvent été celui de la débrouille, du recyclage. Ici Tsui Siu-ming dispose d'un budget conséquent et ses grandes scènes de bataille virent la contribution d'une demi-douzaine de divisions de l'armée chinoise. Sans l'aspect cheap qui handicape beaucoup de productions d'époque, Tsui peut se concentrer sur le spectaculaire et on suit médusé des cascades qui n'auraient probablement jamais vu le jour dans un pays avec un minimum de normes de sécurité. En vrac : Tsui Sui-ming envoie une voiture dans le vide retenu par une simple corde (et il est clair qu'il ne s'agit pas d'un mannequin), Yu Rong Guang se bat au sabre sur un mat contre Pasha Romani en équilibre sur le mat voisin, Tsui Sui-ming fait la torche humaine au ralenti, Yu Rong Guang effectue les sauts à moto les plus spectaculaires... Et non seulement les deux acteurs effectuent un travail martial ahurissant, mais ils parviennent aussi à rendre leurs personnages hautement sympathiques. Le fait que le rondouillard Tsui ne soit pas un faire-valoir mais, comme Sammo Hung a pu l'être aux côtés de Jackie Chan, un personnage aussi important que son camarade au physique plus avantageux est extrêmement réjouissant.



Même les pires excès de mauvais gout, notamment un meurtre de cheval aussi sauvage qu'inutile, paraissent accessoires devant le plaisir ressenti. La psychologie y est minimaliste (c'est un euphémisme), les rebondissements y sont parfois complètement outrés et le personnage d'Anita ne sert pas à grand chose. On s'en fiche. Il y a une musique de James Wong très sympathique, il y a ce torrent d'action final de plus de dix minutes, il y a Yu Rong Guang qui effectue un vol plané quasi-suicidaire pour atterrir à quelques mètres de sa moto qui explose au passage, il y a les chevaux eux-mêmes qui décident de se battre les uns contre les autres, il y a un passage de danses folkloriques à la chorégraphie digne des meilleures comédies musicales, il y a ces scènes de foule ou les figurants ne se comptent plus... Mirage est au divertissement HK ce que Scaramouche est au film de cape et d'épée. Etant donné sa rareté, ne ratez jamais une occasion de le voir.

4 commentaires:

  1. Et ça se trouve où? Y a un dvd ou c'est que par torrent?

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  2. Aucun DVD, c'est très difficile de le voir et il y a encore deux ans il n'y avait à ma connaissance aucune version disponibles avec des sous-titres français. Un très sympathique internaute d'un site de cinéma asiatique avait mis en ligne sa version sous-titrée (gros gros merci à lui au passage), elle n'est plus disponible à l'heure actuelle mais j'imagine que celle circulant sur un célèbre site de torrents est très probablement la sienne. Mais aucun DVD et vu le nombre de films HK autrement plus célèbres et populaires qui attendent encore leur zone 2 (Full Alert, School on fire, Peking Opera Blues, Expect the unexpected...) ça ne me semble vraiment pas gagné.

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  3. http://www.asia-choc.biz/mirage-vostfr-ddl-1987-film-hongkongais/

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    1. Merci beaucoup, je viens de le télécharger, et je vais le voir sous peu.

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