Un homme mystérieux convoque trois personnes, responsables durant la seconde guerre mondiale de la mort de Ken Mitarai afin de s'emparer d'un diamant. Un homonyme de Mitarai (Sonny Chiba) se retrouve impliqué malgré lui dans l'affaire ; lorsque les membres du trio sont progressivement éliminés, il devient suspect aux yeux de la police.
La découverte des films réalisés par Fukasaku dans les années 60 aura permis de montrer la diversité des genres abordés par le cinéaste, parfois très loin de l'esthétique de ses célèbres films de yakuzas. Le classicisme d'Hommes, porcs et loups ou la colorisation pop du Lézard noir s'avéraient ainsi très plaisants faute d'être évidemment aussi aboutis que le baroque du Cimetière de la morale. Ici, l'on fait face à un film d'aventure quelque part entre divertissement hollywoodien - très - décontracté et du Philippe de Broca des années 60. Sonny Chiba court tout le temps, les situations sont invraisemblables, les ennemis bêtes à manger du foin et des chameaux surgissent pour ralentir des sbires afin que nos héros puissent s'enfuir. On n'échappe ni aux moments d'exotisme permis par le tournage à Taiwan, ni à des retournements de situation qui s'accumulent lors de la dernière demi-heure, ni à de l'action hypertrophiée (Sonny Chiba qui court après un avion), ni à un humour qu'on qualifiera avec gentillesse de laborieux (le personnage principal dont le nom signifie " toilettes " et qui systématiquement s'en justifie devant les personnages secondaires ").
Il y a un énorme problème de casting. Ici, on aime - beaucoup - Ken Takakura, mais dès lors que son personnage est tué au bout de dix minutes, il faudrait être doté d'un cerveau déficient pour ne pas anticiper son retour (or, les personnages qui simulent leur mort dans les films ou un grand méchant mystérieux est tapi dans l'ombre ont souvent le même motif), qui apparaît du coup comme un grand coup d'épée dans l'eau. Sonny Chiba, limité comme acteur de composition, a souvent fait un second rôle très imposant et inquiétant chez Fukasaku ou Gosha. Mais il n'est ni drôle, ni bondissant ; la comparaison avec le Jean-Paul Belmondo de l'Homme de Rio ou Les Tribulations d'un chinois en Chine est très cruelle envers lui tant son physique massif est à l'opposé de ce que nécessitait le scénario. Sa maladresse le rend plus pénible que touchant et la sous-intrigue sentimentale est totalement ratée. Si on ne peut nier que le cabotinage éhonté de l'acteur emporte parfois le morceau, les moments réellement sympathiques sont bien rares et constituent l'exception plus que la règle - le budget limité n'aidant en rien -.
Enfin, il faut admettre que cette histoire de trafic de diamants, d'association de malfaiteurs et de seconde guerre mondiale n'est pas des plus passionnantes et ne constitue pas un canevas narratif suffisant pour rattraper le reste. Duel en plein jour - le kamikaze n'est pas le pire film de Fukasaku, il est loin des sommets de nullité que constitueront ses incursions dans la science-fiction ou son ignoble Battle Royale 2 (l'a t-il réellement réalisé ? ). Mais il renvoie un pénible sentiment d'impasse, celui d'un metteur en scène franchement à côté de son sujet ; l'écart avec le Hitchcock des 39 marches ou les films de Philippe de Broca est considérable, et il n'a même pas pour lui des excès comparables à ceux des dernières minutes de Du Rififi chez les truands qui laissaient entrevoir un réel talent de cinéaste. Le film conserve deux mérites en l'état : d'abord, un rythme suffisamment survolté pour lui permettre de se regarder avec un peu d'indulgence (ça n'arrête jamais) ; et enfin, une certaine originalité dans la carrière du metteur en scène qui fait qu'on échappe au sentiment de redite. Mais tout cela fait très peu et Duel en plein jour - le kamikaze s'oublie à peine sorti de la salle.
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