Deuxième volet de la saga dont le scénariste des premiers épisodes, Noribumi Suzuki - habitué du genre puisqu'il signait également le script de Brutal tales of chivalry 4 - est ici promu metteur en scène. A l'instar d'un Teruo Ishii, Suzuki doit l'essentiel de sa reconnaissance en occident à ses films de torture, mais l'un comme l'autre ont pu se faire la main sur des ninkyos (les Abashiri Prison dans le cas d'Ishii, sur lesquels on reviendra peut-être un jour). Pourtant, l'avenir de Suzuki s'entrevoit rétrospectivement ici et rarement a t-on vu un ninkyo insister autant sur un viol avec une cruauté à la limite de la complaisance ; de même, le très curieux couple constitué par Oren et Yasu, une joueuse rivale d'Oryu et son mari (littéralement) émasculé évoque les futurs excès 70's, ceux des Sasori ou des Baby Cart. Si le premier volet signé Kosaku Yamashita se regardait tout à fait, la platitude de sa mise en scène hors action fait du film de Suzuki un film plus agréable à regarder en comparaison, plus dynamique. Si les fautes de gout n'en sont pas absentes (le fils du ministre occidentalisé est évidemment ridiculisé, l'idéalisation des yakuzas preux et chevaleresques est souvent difficile à avaler), le travail artisanal de Suzuki se révèle tout aussi correct à la mise en scène qu'au scénario.
Car encore une fois, Suzuki développe un nombre assez important d'intrigues. Le clan Kasamatsu engage Oren (contre l'avis de Yasu) pour battre Oryu au jeu ; Kazama cherche à venger ses parents victimes d'usuriers ce qui le rend très hostile à Kasamatsu ; deux yakuzas maladroits cherchent à intégrer le clan d'Oryu et le dernier rescapé du clan Tokasaki est maintenu captif. De quoi meubler efficacement l'heure et demie même si comme pour le premier épisode, l'humour bas du front apporté par le personnage de Tomisaburo Wakayama ne s'imposait pas forcément. En revanche, Koji Tsuruta réussit à remplacer son rival Ken Takakura dans le rôle du preux chevalier avec la même réussite, tandis que dans le rôle de l'adjoint de Kasamatsu on découvre avec plaisir un tout jeune Bunta Sugawara qui prouvait déjà son impressionnant charisme. Le côté omniprésent d'Oryu contraste assez finement avec sa faiblesse réelle et si ses qualités " masculines " de combattante sont souvent utiles, elles ne suffiraient pas sans ses compétences " féminines " de meneuses d'hommes qui inspire la loyauté et le respect. On sera un petit peu plus circonspect devant les leçons de vie de Kazama " la couture vous irait mieux que le couteau " (sic!) d'un paternalisme relativisant encore une fois le discours gentiment féministe de l'ensemble.
Il manque peut-être à ce Lady Yakuza une force dans la composition des plans, dans le cadre pour emporter réellement l'adhésion : la mise en scène appliquée mais quelque peu banale de Suzuki ne parvient pas à transcender l'histoire qui reprend parfois un petit peu trop celle du premier épisode (la libération jouée sur une partie de dés, notamment). De plus, l'inaptitude martiale de Junko Fuji est ici un poil trop flagrante et Suzuki tente de contrebalancer en esthétisant les combats à l'aide de ralentis et d'effets de style qui ne masquent pas réellement la différence de crédibilité entre l'actrice et ses partenaires de jeu. Comme pour beaucoup de ninkyos, la quantité de plaisir pris par le spectateur dépend en grande partie de sa capacité à accepter des codes désuets aujourd'hui et à en savourer le charme d'époque, sa naïveté étant aux antipodes de nos habitudes contemporaines. On espère toutefois que Tai Kato, cinéaste réputé formaliste et metteur en scène du troisième épisode, saura donner à la série l'impulsion nécessaire pour qu'elle puisse décoller réellement.
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