Le chef indien Victorio attaque la petite ville de Spanish Boot, prévenue in extremis par un joueur, Sam Leeds (Stephen McNally) que le maire Joe Madden (Willard Parker) avait expulsé peu de temps avant. Après une fusillade, les survivants se barricadent dans une église d'ou ils tentent de repousser les assauts ennemis.
En dépit de ce que peut laisser penser son sujet, Quand les tambours s'arrêteront est un western résolument pro-indien. Un carton initial vient justifier les attaques apaches, le personnage le plus positif du film est finalement Pedro Peter - l'indien qui se bat avec les assiégés - et les assaillants se voient attribuer de nombreuses qualités (courage, discrétion, respect de la parole donnée). Chez les blancs, la situation est contrastée : on oscille entre Sam Leeds, un héros roublard, peu apprécié de la communauté mais sympathique (il est le seul, avec l'officier, à respecter Pedro Peter) et efficace, et des représentants des institutions (le maire, le pasteur) pleins de bonne volonté mais englués dans leurs préjugés et leurs certitudes. Ainsi, Quand les tambours s'arrêteront s'articule autour d'une série d'oppositions non-manichéennes (Leeds/le maire, Pedro Peter/le pasteur, Leeds/le pasteur) résolues lorsque chacun accepte de faire un pas vers l'autre ; si l'on apprécie l'humanisme du scénario, ces rapprochements apparaissent parfois quelque peu forcés, à l'image de la pourtant belle séquence durant laquelle l'indien et le protestant prient leurs dieux respectifs côte à côte, le personnage de l'officier étant quant à lui un relais de l'opinion du metteur en scène souvent didactique : il n'est pratiquement là que pour commenter ou justifier les actions apaches.
Pour autant, Quand les tambours s'arrêteront touche au génial lors de sa seconde partie durant laquelle les apaches attaquent l’église. Fregonese et son producteur Val Lewton multiplient les expérimentations sur la lumière, plongent les combattants dans le noir complet et produisent des plans-tableaux d'une beauté stupéfiante compte tenu de leurs limites budgétaires. L'art de la litote, que Lewton sut manier comme personne d'autre - on se souvient de la fin de La Septième victime, d'un minimalisme absolu - est tout aussi abouti dans ce western que dans les films fantastiques signés Tourneur, Robson ou Wise. Même la première partie, plus conventionnelle, n'est pas exempt de fulgurances telles que la découverte du cadavre dans le puits que nous ne voyons jamais, ou la scène du noir scalpé sans que la moindre goutte de sang n'apparaisse à l'écran. Même l'arrivée d'un élément extérieur durant les dernières minutes, regrettable et peu crédible, passe mieux du fait de sa présentation ultra-rapide que lui donne une dimension fantasmagorique. Quand les tambours s'arrêteront opère une synthèse rare entre le minimalisme (de l'histoire, de la figuration, du nombre de décors) et l'expérimentation, souvent aussi discrète qu'intelligente (l'indien projeté derrière la caméra, et abattu directement sans contourner le code Hays puisqu'on ne ne voit plus).